Cerises Le seul espoir : renverser (nous-mêmes)

Cerises

Le seul espoir : renverser (nous-mêmes) la table

Dans la continuité de ses vœux - « Bonne année de réduction des dépenses publiques ! » -, François Hollande a décliné ses choix, au premier rang des- quels la fin de la contribution des entreprises au financement de la branche fa- mille de la Sécurité sociale. L’Humanité, qui titre « Moi, commis du patronat », ne s’y trompe pas : ce sont des choix de droite.
Comment expliquer que le président post-socialiste fasse de telles annonces à quelques semaines des élections municipales ? D’une part, il est convaincu sur le fond des mesures qu’il met à l’ordre du jour. D’autre part, il considère que son impopularité et le risque d’un carnage électoral ne font pas le poids face à l’enjeu idéologique : soit le fatalisme en faveur des solutions libérales l’emporte, ouvrant la voie à une coalition entre le PS et une partie de la droite, soit une crise politique majeure s’annonce. Eh bien, il mise sur l’option morti- fère du renoncement, constatant la faiblesse des luttes et l’impuissance d’une colère citoyenne qui n’a pas de prise sur le pouvoir.
Que faire face à cette nouvelle fuite en avant libérale ? Se mobiliser au plan européen, comme l’annoncent la CGT, la CFDT, l’UNSA et la FSU pour… le 4 avril ? Bien sûr, mais c’est très insuffisant. C’est peut-être Marseille qui montre la voie, avec une initiative unitaire dès ce samedi. En effet, il vaudrait mieux ne pas attendre pour se prononcer contre l’austérité, profiter aussi des élections municipales, se mobiliser contre le Traité transatlantique… Et, dans la prochaine période, centrer notre énergie sur la nécessité d’une rupture poli- tique, faisant droit à la colère et mettant à l’ordre du jour un nouvel horizon.
Ce devrait le rôle du Front de gauche, qui est resté ces derniers temps miné par les divisions entre le PCF et le PG. Le premier est scotché dans sa «schi- zostratégie» : d’un côté il lutte contre l’austérité, de l’autre il joue l’union au premier tour avec le PS dans la moitié des communes de plus de 20 000 ha- bitants, dont Paris. Cherchez l’erreur… Quant au second, il a dramatisé l’ambi- guïté du PC, comme si elle était nouvelle. Il a même évoqué la possibilité d’un Front de gauche sans sa composante la plus solide et la plus ancrée sur le territoire. Bonjour l’impasse…
Dans deux mois, les élections municipales seront passées et aussitôt oubliées. La campagne des élections européennes pourrait être l’occasion d’un puissant mouvement européen contre l’austérité, d’une convergence des luttes et d’un rebond du Front de gauche. Il est temps de renverser la table des banquiers et des actionnaires, de la droite et des faux “socialistes” !

● Gilles Alfonsi