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Alternatives & Révolutions
29 avril 2014

Des communistes pour une refondation ambitieuse

Des communistes pour une refondation
ambitieuse du Front de gauche

 

 

 
 
 
L’avenir du Front de gauche, sa stratégie, ses règles de vie suscitent des débats parfois vifs en son sein et dans les organisations politiques qui le composent. Nous publions ici trois tribunes de responsables du PCF. Sans tabous, elles abordent le rôle du Parti communiste et l’enjeu des élections européennes, la “forme” Front de gauche… Dans une tribune collective, quatorze dirigeants du PCF dénoncent une “bataille pour le leadership du Front de gauche” illisible pour les concitoyens et demandent.le respect de “la souveraineté des composantes du Front de gauche sur leurs choix électoraux comme sur l’ensemble de leurs décisions”.
  • "Pour une bataille efficace du PCF" (Texte collectif)

 

L’enjeu des élections européennes est celui d’une autre Europe contre l’austérité et ses ravages sociaux, avec une autre BCE et un autre euro appuyant l’expansion des services publics et l’emploi contre la domination des marchés financiers. Ceci, depuis le PCF, le Front de gauche et d’autres forces en France, en conjonction avec des forces politiques de la gauche radicale de toute l’Union européenne, notamment en Grèce (Syriza), en Allemagne (Die Linke), en Espagne (Izquierda Unida). Il s’agit de donner une perspective aux luttes politiques, sociales et syndicales déjà engagées par les peuples d’Europe en montrant ce qui peut et doit être changé dès l’immédiat pour une autre Europe. Il s’agit ainsi de briser le consensus dominant entre sociauxlibéraux, droite et extrême droite sur la fausse alternative entre fuite en avant fédéraliste et nationalisme : rester dans l’euro sans changer sa logique austéritaire profonde ou sortir de l’euro – dans les deux cas pour des concurrences à la baisse du « coût du travail », sans s’attaquer aux marchés financiers.

Il s’agit de dénoncer les phrases sur l’Europe sociale, en contradiction totale avec ce qui n’est pas fait pour changer le rôle de la BCE. L’apport communiste et des partis de la gauche radicale européenne du PGE est décisif en ce sens. Un fonds européen de développement social et écologique solidaire, financé par la BCE à taux proche de zéro, pour les dépenses de services publics des États, peut être créé dès à présent. Nous exigeons aussi que l’argent de la BCE soit accordé aux banques pour un autre crédit selon des critères précis en faveur de l’emploi. Formellement, les traités européens n’empêchent pas ces deux transformations radicales.

De ce point de vue, on peut déplorer une certaine dérive de Jean-Luc Mélenchon, et du Parti de gauche en France, déséquilibrant le Front de gauche, en s’enfermant dans le « contre » systématique, flirtant avec les idées de « sortie de l’euro », et tournant le dos au programme « l’Humain d’abord » du Front de gauche. Cette dérive a d’ailleurs connu un clair désaveu aux élections municipales. L’apport du PCF dans le Front de gauche, malgré des pertes, a connu des résistances fortes aux élections municipales et repris, voire conquis certaines villes (Montreuil, Aubervilliers, Thiers). Il s’agit de renforcer et élargir le « contre » par du « pour » tout autrement, en développant des propositions radicales, précises : s’attaquer au coût du capital pour d’autres dépenses, d’emploi et d’efficacité (recherche, investissements, etc.) aussi bien pour les services publics que pour l’emploi. Pourquoi la BCE ne le fait-elle pas ?

En France, comme le dit un texte signé de 26 secrétaires fédéraux du PCF, « les négociations difficiles entre les directions nationales des partis politiques du Front de gauche ont conduit à un accord qui risque de compromettre la construction de telles alternatives. En sous-estimant l’apport des communistes par une sous-représentation de nos têtes de liste aux élections européennes au seul profit du PG, en ne laissant pas de place à des candidatures d’ouverture, la coordination nationale du Front de gauche met en danger l’avenir de notre rassemblement etrisque de compromettre d’éventuelles conquêtes aux européennes ainsi que la réélection des députés sortants ».

Nous voulons continuer de construire un Front de gauche ambitieux, ouvert, élargi, rassembleur, dont le pays a besoin. C’est pourquoi nous ne pouvons approuver un « accord », qui a pu être qualifié par Pierre Laurent lui-même de « mauvais accord », avec trois têtes de liste pour le PG, deux têtes seulement pour le PCF, rejetant la tête de liste communiste dans le Centre-Auvergne, une tête de liste pour Ensemble et une tête de liste en Paca pour une candidature citoyenne issue de la société civile.

Les communistes et leurs apports doivent être respectés, en paroles et en actes.

C’est pourquoi, dès à présent, le Parti communiste doit développer son autonomie de propositions et d’initiatives dans la bataille des élections européennes, en mettant en avant les enjeux de fond concernant les objectifs sociaux, les moyens financiers et les pouvoirs. C’est une condition indispensable pour que le Front de gauche mène une campagne efficace et rassembleuse à gauche, avec sa nécessaire réorientation.

Par les économistes du PCF : Paul Boccara, Frédéric Boccara, Yves Dimicoli, Denis Durand, Jean-Marc Durand, Nicolas Marchand et Catherine Mills.

 

  • "Dans sa forme actuelle, le Front de gauche ne fait pas envie" par Alain Hayot

 

 

Les résultats des élections municipales constituent un véritable tournant historique. La gauche y a subi une de ses pires déroutes électorales et la droite en profite pour reconquérir le terrain local avec la complicité de l’extrême droite, qui confirme son inscription durable dans le paysage politique. L’abstention, enfin, exprime un double rejet de l’austérité et du système politique.

Aucun des trois courants de la gauche française n’a échappé à la sanction, même si le PS subit un Waterloo électoral qui en annonce d’autres à venir. Le Front de gauche et les Verts limitent les dégâts. Mais chacun de ces pôles est désormais confronté à des interrogations fondamentales sur son avenir, sur son projet et sur ses alliances. La réponse de François Hollande avec la nomination de M. Valls à Matignon, de J.-P. Jouvet à l’Élysée et J.-C. Cambadélis à Solferino est claire : il continue dans la même voie avec des arrière-pensées de plus en plus lisibles de recomposition de sa majorité.

Austérité et autorité sont désormais les deux mamelles de sa politique.Trois tendances majeures se dégagent de ces résultats. Elles exigent de la gauche anti-libérale une réflexion nouvelle et une remise en cause des évidences qui ont conduit à reproduire mécaniquement des schémas qui ne fonctionnent plus.

La première tendance, c’est l’ampleur de l’abstention qui renvoie non seulement au rejet de l’action gouvernementale mais à l’ensemble du champ politique et au système institutionnel qui en est la traduction. Force est d’admettre que la gauche de transformation sociale, le PCF et le Front de gauche en particulier, subit aussi les effets de ce rejet. Nous devons donc considérer que l’ambition de refonder la politique, la République et la démocratie par une révolution citoyenne n’est pas un combat second mais qu’il devient autant central que l’action sociale, si nous voulons être audibles et reconstruire une nouvelle conscience de classe. Cette ambition repose sur notre capacité à reconquérir une hégémonie culturelle fondée sur d’autres valeurs que celles qui dominent l’air du temps.

La deuxième tendance, c’est la rapidité avec laquelle s’opère la recomposition entre la droite et l’extrême droite, parfaitement illustrée par la porosité galopante entre les électorats UMP/FN. Elle s’appuie sur une vision commune de la société qui associe désormais les ultraconservateurs, les néopopulistes et même les libéraux. Certains faits sont éclairants : pour la première fois, les triangulaires ont largement profité à la droite, et même parfois au FN comme le montre son élection dans les 13e et 14e arrondissements de Marseille. Il est de plus en plus difficile de convaincre des électeurs de gauche de se mobiliser contre le FN avec le bulletin d’un PS discrédité.

L’électorat FN n’a pas hésité à voter utile en faveur de l’UMP quand l’adversaire était de gauche, comme à Aubagne. L’électorat UMP, lui aussi, n’hésite plus, comme à Hénin-Beaumont ou Béziers, à voter FN qu’il assimile à un parti de droite compatible avec ses valeurs. L’accélération de la recomposition à droite rend urgentissime une contre-oensive politique et idéologique contre le FN et plus largement contre la lepénisation des esprits.

La troisième tendance, c’est l’ampleur du rejet de la politique libérale, austéritaire et autoritaire, menée par l’exécutif socialiste. Nous en connaissons les raisons mais le Front de gauche n’apparaît toujours pas comme une alternative au social-libéralisme. C’est une question majeure qu’il faut désormais prendre à bras-le-corps. Je suis convaincu de la justesse de la stratégie de Front de gauche, mais je m’interroge sur ses contours et sa mise en mouvement. Le Front de gauche dans sa forme actuelle (cartel d’organisations), dans la cohérence de son projet (qu’oppose-t-il concrètement aux idéologies du coût du travail et de baisse de la dépense publique, ou bien encore à la dérive présidentialiste ou sur la laïcité... ?), dans l’image qu’il véhicule (trop force d’opposition et non de propositions, trop sectaire et pas assez susceptible de rassembler au-delà de lui-même des socialistes et des écologistes, des syndicalistes et des acteurs culturels, des féministes et des antiracistes...), bref le Front de gauche ne fait pas envie.

Notre tâche prioritaire est de l’ouvrir aux citoyen-e-s, à ce qui bouge dans le mouvement social et culturel et à toutes les composantes du peuple de gauche. Son ambition doit être d’engager un immense chantier de politisation alternative et de reconquête des esprits et des coeurs. C’est une entreprise de longue haleine, politique, idéologique et culturelle. Il nous faut donc l’entamer maintenant.

Alain Hayot, délégué national à la culture du PCF

 

 

  • "Ouvrir le débat sur notre rassemblement et ses objectifs" (Texte collectif)

 

La gravité de la situation politique et les difficultés du Front de gauche à apparaître aux yeux de nos concitoyens comme utile à la mise en oeuvre du changement auquel ils aspirent doivent nous conduire à ouvrir en grand, dès maintenant, le débat sur notre rassemblement et ses objectifs.

Au lendemain des élections municipales, le président de la République vient de confirmer un cap politique libéral et autoritaire qui rompt avec toutes les bases sociales et démocratiques de la gauche. Le nouveau premier ministre s’en est fait le porteparole le 8 avril dernier, lors de son discours de politique générale. « Vérité, efficacité, confiance », nous dit Manuel Valls. Mais quelle réalité dissimulent ces trois mots ? Aucune vérité mais une succession de mensonges sur la nature de la crise, incriminant le soidisant « coût » du travail en lieu et place du coût exorbitant du capital. Aucune mesure efficace mais l’annonce de nouvelles exonérations massives de cotisations sociales dont on sait qu’elles n’auront pas d’effet positif et durable sur l’emploi et la croissance. Enfin, aucun acte de confiance mais bien la défiance envers notre peuple par un redécoupage autoritaire des territoires qui a pour seul objectif d’éloigner nos concitoyens des lieux de pouvoir.

Jamais l’idéologie néolibérale n’a été à ce point portée en France par un pouvoir politique se réclamant de la gauche. Et pourtant, jamais l’échec de cette idéologie n’a été aussi visible, comme en témoigne la dégradation accélérée de la situation économique et sociale de nombreux pays européens depuis l’explosion de la crise. La résignation et la colère devant un tel renoncement au progrès social et démocratique sont à la mesure de la souffrance humaine que cette politique engendre. Mais, aussi fortes soient-elles, elles ne conduisent pas automatiquement à rendre majoritaire le projet que nous partageons avec nos partenaires du Front de gauche. La radicalité et l’efficacité des propositions de notre projet « l’Humain d’abord » doivent s’accompagner d’une stratégie de rassemblement. C’est la nature de cette stratégie qui est depuis la création du Front de gauche, et singulièrement depuis l’élection de François Hollande, l’objet d’un vif débat au sein du Front de gauche et de ses composantes, qui s’est transformé ces derniers mois en une bataille de leadership illisible pour nos concitoyens.

Nous pensons que cette bataille pour le leadership du Front de gauche doit cesser au profit d’une entreprise collective de refondation de son ambition et de ses objectifs. Dans ce débat, nous récusons l’idée que la condition de l’efficacité et de la lisibilité de notre stratégie soit l’autonomie électorale. Notre erreur est précisément d’avoir progressivement fait du Front de gauche un rassemblement à visée principalement électorale. La première condition d’un rassemblement utile à nos concitoyens et capable de créer des convergences politiques fortes, c’est de respecter la souveraineté des composantes du Front de gauche sur leurs choix électoraux comme sur l’ensemble de leurs décisions. Les oukases à répétition de Jean-Luc Mélenchon doivent cesser ! La deuxième condition est de rompre avec une visée principalement électorale et de travailler à élargir notre rassemblement par la construction de fronts d’idées et d’actions sur des objectifs politiques précis (un plan de lutte contre la finance, un nouvel essor des droits sociaux et des services publics, un nouveau mode de production humain durable, de nouveaux pouvoirs d’intervention pour les travailleurs et les citoyens, refonder l’Europe...) afin de disputer l’hégémonie culturelle à la classe dominante.

Comment y parvenir ? Au moment où la défiance est maximale envers les partis politiques et où la gauche est éclatée, vouloir traiter la question de la participation citoyenne par l’adhésion directe à une nouvelle force politique n’est pas une réponse effi-cace. La clé de notre réussite réside au contraire dans notre capacité à multiplier les moyens de participer à la construction de l’alternative à gauche. De nouveaux espaces d’intervention populaire doivent être mis en place avec l’objectif de créer une nouvelle culture politique dans le pays. Cela nécessitera un travail de proximité par la création de milliers d’espaces dans les quartiers, les villages et sur les lieux de formation et de travail. Non des assemblées qui servent de tribune aux composantes du Front de gauche, mais des ateliers politiques en lien avec les luttes sociales pour reconstruire progressivement un lien de confiance avec les citoyens, les travailleurs, les jeunes de notre pays et coélaborer avec eux un projet alternatif de gauche.

Nous proposons que, dans le prolongement de la marche du 12 avril, le PCF soit à l’initiative d’états généraux de la gauche, coorganisés avec nos partenaires du Front de gauche et toutes les forces syndicales, associatives, politiques et citoyennes qui le souhaitent, pour initier ce processus dans le pays et travailler dans la durée avec notre peuple et le monde du travail à la redéfinition d’un projet de gauche et à des (re)conquêtes sociales et démocratiques immédiates.

Pour améliorer la vie de nos concitoyens, le Front de gauche doit renouer avec l’ambition d’un front progressiste et citoyen que le PCF proposait dès son congrès de 2008, c’est-àdire « oeuvrer à ce que des millions de femmes et d’hommes, divers par les courants de pensée dans lesquels ils se reconnaissent, par les organisations politiques et sociales dont ils se sentent proches, soient su samment unis et résolus pour rendre incontournables des changements dont ils auront acquis la conviction qu’ils sont indispensables ». Au lendemain des élections européennes, le Front de gauche sera face à un choix : soit relancer la bataille de leadership en vue des prochaines échéances électorales, notamment de l’échéance présidentielle, soit refonder notre rassemblement pour créer une dynamique politique capable de rendre majoritaire un projet alternatif de gauche. Ce dernier choix est notre ambition et nous la mettons aujourd’hui en débat.

Signataires : Éliane Assassi, sénatrice de la Seine-Saint-Denis ; Alain Bache, secrétaire départemental du PCF des Landes ; Lydie Benoist, membre de la coordination nationale du PCF ; André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme ; Pascal Joly, membre du Conseil national du PCF ; Cédric Lattuada, secrétaire départemental du PCF de la Marne ; Danielle Lebail, secrétaire départementale du PCF du Rhône ; Didier Le Reste, membre du Conseil national du PCF ; Julie Meunier, secrétaire départementale du PCF de Meurthe-et-Moselle ; Yannick Monnet, secrétaire départemental du PCF de l’Allier ; Hervé Poly, secrétaire départemental du PCF du Pas-de-Calais ; Marine Roussillon, membre du comité exécutif national du PCF ; Aymeric Seassau, secrétaire départemental du PCF de la Loire-Atlantique ; Igor Zamichiei, secrétaire départemental du PCF de Paris.

L'appel de Pierre Laurent au rassemblement et à la construction communne.

« J’appelle les forces vives de notre peuple, les forces vives de la gauche sociale, politique, syndicale, culturelle, intellectuelle à se ressaisir. Je les invite à se rapprocher, à parler, à redéfinir ensemble les objectifs d’un nouveau cap politique à gauche, à décider d’agir ensemble pour imposer le retour à ces choix. Je leur lance à toutes et à tous un appel solennel au rassemblement et à la construction commune. » Extrait du discours du 3 avril 2014.

 

 

 

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