Hommage à Maurice Kriegel-Valrimont le 14 mai

      Hommage à Maurice Kriegel-Valrimont

             le 14 mai 2014 à Paris

"Le mercredi 14 mai 2014 au square Maurice Kriegel-Valrimont (Clignancourt), puis au cimetière

Montparnasse, la ville de Paris a rendu hommage à Maurice Kriegel-Valrimont à l'occasion du

centenaire de sa naissance. Catherine Vieu-Charier, maire-adjointe communiste, chargée de la

mémoire, dirigeait la délégation des élu-e-s de Paris. Autour de Paulette, son épouse, de Blandine

et Anne, ses filles, de nombreux parents, ami-e-s et personnalités étaient rassemblés pour saluer à

nouveau Maurice. Qu'elles et ils soient toutes et tous sincèrement remercié-e-s de leur présence. 

A partir du mois de mai 1944, Maurice Krigel-Valrimont a dirigé le COMAC (Haut commandement

militaire du CNR) avec Pierre Villon et Jean de Vogüé. L'action décisive du COMAC et de ces trois

hommes, les trois "V", dans l'organisation de l'insurrection parisienne du mois d'août 1944, est trop

souvent méconnue, trop souvent minimisée, occultée, voire ignorée ou parfois carrément contestée.

Mais l'Histoire reste l'Histoire, les faits restent les faits. C'est pourquoi, je pense que nous ne serons

jamais assez nombreux, chacun-e de son côté ou ensemble, à travailler pour le total rétablissement

de la réalité de l'époque. Elle est en effet extrêmement riche d'enseignements pour aujourd'hui,

période étonnamment pétrie d'incertitudes et de questionnements dans laquelle l'extrême-droite

et le néo-fascisme pointent à nouveau leur nez. Je me souviens que Maurice insistait : "dans l'écriture

de la fabuleuse histoire de la Résistance, il ne faut oublier personne, surtout pas le peuple !" Aussi,

n'oublions pas le peuple, n'oublions pas Pierre Villon, Jean de Vogüé, n'oublions pas Maurice, ardent

défenseur de la "force motrice de la gauche" qui reste toujours à inventer et à construire avec le peuple

lui-même. A titre personnel, je veux remercier, tout particulièrement, Alain Amicabile (Nancy). C'est

Alain qui m'a permis de rencontrer Maurice à la fin de l'année 1986. 

Beaucoup plus tard, Maurice était hospitalisé au Val-de-Grâce. Ce jour-là, j'étais avec Yvan Guyomard,

mon collègue de Sevran (93). L'émotion nous saisit d'un coup lorsque Maurice évoqua l'au-delà et son

après tandis qu'il nous invitait à nous servir dans la corbeille de fruits que venait de lui offrir la préfecture

de police. « Louis, et toi Yvan... Je vous l’assure. Jamais, je n’ai jamais rencontré un seul mortel en

capacité de prouver l'existence d’un au-delà plus beau que la vie. Comprenez que je ne sois pas pressé

d’emprunter le chemin de la vérification. » Sereinement, tout sourire, Maurice évoqua l'hypothèse de

la création d'une rue ou d'un square "Maurice Kriegel-Valrimont" à Clignancourt et la création d'une

Fondation. Il riait franchement, de bon coeur, de notre embarras. Le 20 juillet 2006, cette fois en Nièvre,

je lui rendais visite avec Jean-Pierre Boutillon, directeur du cabinet de Stéphane Gatignon, maire de

Sevran. Il faisait une chaleur torride. J'étais inquiet, Maurice me semblait fatigué, fatigué au-delà de la

fatigue ordinaire. Il procédait à l'examen de la situation politique quand, au détour d'une phrase, il revint

sur son après et me demanda s'il m'était possible de l'accompagner à sa prochaine consultation prévue

à l'hôpital à Paris. Le 2 août 2006, Maurice nous quittait définitivement, à Paris, sa ville libérée. 

Bref, mercredi dernier, j'étais vraiment remué. Auprès de Paulette, de Blandine et Anne, j'avais mal

en-dedans. Oui, je dois beaucoup à Maurice, à ses capacités d'analyse, à ses capacités d'écoute et de

compréhension de l'Autre, à son refus de céder au ressentiment. Je dois beaucoup à son élégance et

à son savoir-vivre. Durant les dix dernières année de sa vie, j'ai eu l'immense privilège de l'accompagner

à presque toutes ses sorties publiques. Je peux donc témoigner de son immense patience et de son

immense talent d'orateur qui enthousiasmait les militants-tes autant qu'il "démâtait", toujours

respectueusement, ses plus farouches contradicteurs. Je pense, entre autre initiative, à celle d'ATTAC

au palais des congrès de Nanterre en mars 2004. 

Merci à Pierre Laurent, merci à l'Humanité. L'Huma a eu le tact de publier, le 14 mai 2014, le texte,

beau, sobre et émouvant, de Lydia Martins Viana. Preuve que, ainsi le proclamait Maurice : "rien n'est

plus faux que la désespérance".

Aussi, faisons ce que nous avons à faire ! 

Il reste en effet beaucoup à faire.

Haut les coeurs !

Louis Aminot