Edwy Plenel a réagi lundi matin à la mise en place de la coalition contre l'Etat islamique. "C'est exactement ce qu'ils attendent, les crédibiliser comme un adversaire, réagir sur le coup de l'émotion, et croire que la guerre va résoudre des problèmes politiques. Déjà deux guerres en Irak, une guerre en Libye, quel est le bilan? A chaque fois, nous ajoutons le malheur au malheur. C'est combien la population de l'Amérique du Nord et de l'Europe? 15% de la population mondiale. Et nous allons, nous, dire ce qui est bon pour le monde, sans discuter, sans réfléchir?"
"Derrière le pire des crimes il y a des causes"
Edwy Plenel porte un jugement sévère contre la position du ministre des Affaires étrangères: "J'entends George Bush junior en entendant Laurent Fabius. On décide la guerre sans les Nations Unies. Ayez peur et je m'occupe du reste. D'où il vient l'Etat islamique? Il vient du désordre que nous avons créé. Nous avons créé la guerre de religion entre sunnites et chiites".Comment combattre l'Etat islamique? "Quand on n'essaie pas de comprendre ce qu'il y a derrière un acte aussi révoltant que ces égorgements, de comprendre d'où ça vient... Derrière le pire des crimes il y a des causes. Frapper le crime sans s'occuper des causes, sans solution politique durables, c'est ajouter le désordre au désordre".
Les musulmans, premières victimes
Le co-fondateur de Mediapart est revenu lundi matin sur la sortie jeudi prochain de son livre intitulé Pour les musulmans (La Découverte), plaidoyer pour la tolérance et le respect des musulmans. "Mon livre c'est un cri d'alarme et un geste de solidarité. Il y a mille façons d'être musulman. Ils ne sont pour rien dans les crimes monstrueux commis par des gens qui improprement se réclament de l'Islam. Une démocratie ce n'est pas la loi de la majorité, c'est le respect des minorités. Arrêtez de vouloir nous uniformiser. Arrêtez de stigmatiser ceux qui disent 'Je suis français et musulman'".
"Arrêtons de stigmatiser au nom de la croyance. On accepte dans l'espace public de dire qu'il y a un souci de civilisation qui serait l'Islam", déplore Edwy Plenel. "Je demande que nous les admettions, ils sont le résultat de notre Histoire, ils sont là, ils travaillent".
"J'ai été choqué par la solitude dans laquelle on laisse les musulmans", tonne Edwy Plenel. "On dit 'Il y a un souci de civilisation", on met les musulmans en bloc, et on ne réagit pas".