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Alternatives & Révolutions
20 octobre 2014

SORTIR DU TROU, CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE POLITIQUE AUTOUR DE GRANDES REFORMES ECONOMIQUES, SOCIALES, ECOLOGIQUES!

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Il y a une incertitude profonde sur la forme par laquelle la crise politique à l’œuvre aujourd’hui peut rebondir et se renouveler. Mais il y a un phénomène qui ne cesse de s’accroître, c’est la crise d’identité qui traverse la gauche aujourd’hui. Que veut dire « être de gauche » alors que le gouvernement actuellement en place et qui s’en revendique mène une politique largement aligné sur les gouvernements de droite précédents ? De ce point de vue, il est réducteur et inexact de parler aujourd’hui « d’effacement du clivage gauche - droite ». Car si la droite est aujourd’hui traversée de débats idéologiques profonds, elle n’est pas confrontée à une crise existentielle de l’ampleur de celle qui traverse la gauche aujourd’hui. Au contraire ses valeurs progressent, y compris les plus réactionnaires comme en témoigne le succès du livre d’Eric Zemmour. L’audience croissante des idées de droite se nourrit et est renforcée de la perte de contenu de toute réelle perspective de transformation sociale et écologique à gauche. « La désertion idéologique de la gauche accentue le virage à droite de la société française » souligne à juste titre le journaliste Eric Dupin.

La crise d’alternative à gauche est profonde. Les défaites pèsent sur les consciences. Le chercheur Gaël Brustier souligne la difficulté « à donner sens au monde actuel, à enrayer la flambée des paniques morales, à donner consistance à un projet émancipateur à la fois économique, social, politique, bref, à accomplir une révolution morale émancipatrice. » (Gaël Brustier, « Combat culturel partout, combat culturel nulle part », Slate.fr, 8 octobre 2014). C’est à l’échelle d’une refondation d’un projet alternatif qu’il convient de se confronter aujourd’hui si nous voulons être capable de faire face à la puissance des logiques d’adaptation au capitalisme mondialisé auquel nous sommes confrontés. De ce point de vue, quelques unes des réponses qui ont été formulées à gauche ces derniers jours, méritent d’être débattues.

Le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean Christophe Cambadélis, lors de son passage à l’émission « Question d’Info » sur LCP le mercredi 15 octobre,  a décidé de lancer un appel alarmé à l’union de la gauche : " Si dans les élections à venir, les écologistes, les communistes, les socialistes, les radicaux, les amis de Jean Pierre Chevènement ou d'autres ne s'unissent pas, nous serons éliminés mathématiquement des élections départementales et régionales". Mais, bien malgré lui, il démontre ainsi l’impossibilité aujourd’hui de reproduire la stratégie traditionnelle d’union de la gauche, car cela supposerait de mettre de côté les désaccords profonds qui traversent les forces de gauche aujourd’hui: "Nos divergences (...) ont toujours existé (...) À un moment donné, il ne faut pas mettre les divergences, qui sont parfois secondaires, en avant pour ne pas s'unir." Le problème, c’est que la politique d’austérité de Valls et Hollande que le Parti Socialiste soutient pleinement, n’a rien de « secondaire ». C’est une question politique centrale qui est incontournable et qui rend inconciliable les orientations qui traversent les forces de gauche sur se sujet. Bien au contraire, du fait de l’ampleur des désaccords existant, cela confirme à une grande échelle qu’il y a un épuisement aujourd’hui des formules stratégiques d’union de la gauche telles qu’elles se sont construites depuis les années 1970.

Dans un autre registre, Martine Aubry a présenté une contribution aux Etats Généraux du PS, intitulée « Pour réussir » et signée par de nombreux responsables socialistes, qu’ils soient étiquetés « Frondeurs » ou dans les soutiens de la politique de Valls et Hollande. Martine Aubry dessine une vision plus structurée d’une « nouvelle sociale démocratie » en critiquant l’échec de la politique menée par le gouvernement actuel. Elle critique à juste titre l’extension du travail du dimanche, (même si elle a été l’initiatrice des dérogations pour les zones touristiques) et refuse le débat nauséabond visant à renforcer les contrôles sur les chômeurs. Mais l’examen du détail des propositions réduit l’ambition à un « rééquilibrage » de la politique menée par Valls et Hollande, à une austérité plus « douce », plus étalée dans le temps, mais sans proposer de rupture avec la politique engagée. Et les réformes proposées par cette contribution sont bien loin des grandes réformes historiques de ce que seraient une véritable politique de gauche : fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu (ce qui ne serait pas sans risque pour le financement de la Sécurité Sociale), fusion du CICE et du Crédit Impôt Recherche (ce dernier étant mis en avant comme un modèle par Martine Aubry, alors que son usage profite avant tout aux grandes entreprises), conditionner de nouvelle baisse de cotisations à un accord d’entreprise sur la compétitivité et la formation… De nombreuses propositions également défendues par Jean Marc Ayrault qui a fait sa propre contribution sur des questions convergentes.

Cette contribution marque une étape importante dans le débat du Parti Socialiste et pose une question à tous ceux qui, au sein du Parti Socialiste, refusent la logique catastrophique de la politique de Valls et de Hollande : s’agit il de reformuler une orientation traditionnelle du Parti Socialiste, plus sociale démocrate, sans changer véritablement de logiciel ? Ou bien l’enjeu de la situation politique n’est-il pas de refonder une véritable perspective de gauche, de donner corps à de nouveaux progrès sociaux et démocratiques, de s’engager largement dans un travail d’échange avec les forces du mouvement social et syndical, les énergies intellectuelles et artistiques qui sont disponibles, pour être capable de dessiner une véritable alternative ? Les différentes réunions des courants de la gauche du Parti Socialiste qui se sont tenues début octobre ont montré l’hétérogénéité des positionnements. Les évolutions possibles dépendent aussi, et sans doute beaucoup, de ce qui peut se passer à l’extérieur du PS, des initiatives qui pourront se concrétiser dans les prochains mois, pour construire les convergences entre tous ceux qui refusent la politique actuelle du gouvernement.

Les débats qui se sont engagées depuis plusieurs mois entre Europe Ecologie, le Front de Gauche, les différents courants de la gauche du PS doivent maintenant passer à une nouvelle étape et permettre de vérifier si des convergences politiques plus importantes sont possibles. Trois questions mériteraient notamment d’être débattues :

- Face à l’ampleur de la crise politique et de la confusion qui règne à gauche, c’est la refondation d’une nouvelle perspective sociale et écologique qu’il faut se fixer. Il ne s’agit pas d’être dans la nostalgie des « Jours heureux » et des images, largement idéalisées, du Conseil National de la Résistance ou du Front Populaire, encore moins du keynésianisme productiviste des années 50, mais d’élaborer les réponses immédiates aux crises multiples, économiques, écologiques, démocratiques, culturelles auxquelles nous sommes confrontées.

- Il ne peut y avoir de véritable réformes de gauche sans visée de rupture avec la logique libérale et sans confrontation avec l’oligarchie financière qui gouverne : nouveaux services publics, construire une véritable Sécurité Sociale Professionnelle, étendre la démocratie dans l’entreprise, rompre avec le productivisme, imposer une VIème République… Ces mesures n’ont de sens que dans la perspective globale d’une transformation sociale, écologique et démocratique, d’une autre société que nous visions à construire.

- Enfin, ce qui semblait autrefois évident à gauche a besoin d’être repensé : il n’y aura pas de transformation sociale sans mobilisation populaire encouragée et suscitée. C’est aussi une des leçons de l’échec de Hollande qui a fait campagne pour rassembler salariés et entrepreneurs et se retrouve à être le « Président des entreprises » et l’ami de la finance. Une véritable politique de gauche ne peut se concrétiser que par des mobilisations prolongées pour imposer la création de nouveaux droits, au détriment des privilèges des classes dirigeantes.

Des débats à reprendre de toute urgence…

François Calaret

 

 

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