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Alternatives & Révolutions
28 janvier 2015

Libération Dette grecque : que peut faire Aléxis

 

Libération

 

 

Dette grecque : que peut faire Aléxis Tsípras ?

 

 

 

FRANTZ DURUPT 26 JANVIER 2015 À 18:36

Un audit sera sans doute nécessaire avant d'entrer dans le vif des négociations.

Et maintenant, que va faire Syriza de la dette grecque, qui se monte à 321,7 milliards d’euros, soit environ 175 % du PIB du pays ? Pour l’heure, le nouveau Premier ministre, Aléxis Tsípras, a annoncé qu’il va «collaborer et négocier» avec les créanciers de la Grèce pour trouver une «solution viable, durable qui bénéficie à tous». Et c’est à peu près tout. En février 2013, dans un article paru dans le Monde diplomatique, le leader de Syriza livrait plus de détails sur son plan, qui vise à aboutir à «une réduction significative de la valeur» de la dette publique. Tsípras évoquait alors «un moratoire sur le service de la dette, afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie» ;  «l’instauration d’une "clause de développement", afin que le remboursement de la dette ne tue pas dans l’œuf le redressement économique» ; et «la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays».

  • Prise de dette

La grande référence de Syriza, en l’occurrence, n’est autre que… l’Allemagne de 1953. La RFA, exsangue après la Seconde Guerre mondiale, avait obtenu une annulation de 60 % de sa dette, ainsi qu’un moratoire de cinq ans et un délai de trente ans pour rembourser.

Aujourd’hui, la dette grecque est majoritairement détenue (à hauteur de 70 %) par des acteurs publics : 53 milliards d’euros pour l’Union européenne, 141,8 milliards pour le Mécanisme européen de stabilité (MES, abondé par les Etats), et 32 milliards pour le FMI. La Grèce emprunte à un taux d’environ 10 % sur dix ans (pour comparaison, la France emprunte à 0,6 %) après avoir atteint près de 40 % d’intérêts en octobre.

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D’ABORD, UN AUDIT

Dans l’immédiat, Syriza peut lancer un audit de la dette grecque. C’est d’ailleurs prévu dans un règlement adopté par l’Union européenne en mai 2013 : «Un Etat membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation de niveaux d’endettement excessifs ainsi que de déceler toute éventuelle irrégularité.» Mais le gouvernement d’Antonis Samaras, le conservateur au pouvoir jusqu’à dimanche, s’était bien gardé de le faire.

Il s’agit même d’un passage obligé, estiment plusieurs économistes, dont le Belge Eric Toussaint. Après avoir accompagné l’Equateur dans l’audit de sa dette en 2007 et 2008, ce membre du conseil scientifique d’Attac Belgique a conseillé Syriza ces derniers mois. «Un audit montrera que les banques privées européennes ont très fortement augmenté leurs crédits à la Grèce entre fin 2005 et 2009, sans tenir compte de la capacité réelle de la Grèce à rembourser», écrivait-il ainsi la semaine dernière, dans une tribune publiée sur Lemonde.fr. Selon une étude d’Attac publiée en juin 2013, 77 % des fonds débloqués dans les derniers «plans de sauvetage» de la Grèce sont en réalité retournés vers le secteur financier… en remboursement de la dette. 

LE TEMPS PRESSE

Cet audit pourrait prendre de trois à six mois, selon Eric Toussaint, interrogé par Libération.fr. «Un audit mené de manière rigoureuse permettra au gouvernement dirigé par Syriza d’être en position de force face aux créanciers», analyse-t-il. Tsípras pourrait en effet mettre sous le nez de la troïka (BCE, UE, FMI) les erreurs de ses prédécesseurs, qui ont emprunté et dépensé trop, tout en se privant d’importantes recettes fiscales, mais aussi celles des banques, qui ont prêté à des taux délirants, et celles de l’Union européenne, dont l’argent est finalement retourné faire un tour dans le manège de la spéculation. Pour l’instant aucune date et aucun cadre ne sont connus pour un tel audit.

Reste à savoir comment la troïka va répondre à Tsípras, qui n’agite pas pour l’heure la menace d’une suspension des remboursements. Pas très optimiste, Eric Toussaint craint que la troïka «ne soit pas prête à négocier, ou ouvre des négociations qui n’aboutissent à rien, pour noyer le poisson». Or, le temps presse pour la Grèce, qui doit selon ses estimations rembourser 54 milliards d’euros en 2015 et 2016. A quoi s’ajoute le fait qu’Aléxis Tsípras, pour garder le soutien des Grecs, va devoir rapidement mettre en œuvre les mesures sociales promises dans son programme. D’où son désir d’obtenir au plus vite un moratoire sur la dette.

ET EN CAS D’ÉCHEC ?

Si la Grèce n’obtient pas une renégociation de sa dette, elle peut tout simplement décider d’arrêter de la rembourser, une hypothèse qui ne lasse pas d’inquiéter les dirigeants européens libéraux, de David Cameron qui s’est déjà alarmé dans un tweetd’une augmentation de l’«incertitude économique» sur le continent, à Angela Merkel. D’autres pourtant ne se montrent pas plus stressés que ça, comme Patrick Artus, analyste chez Natixis, qu’on ne peut soupçonner de marxisme. Dans un flash daté du 5 janvier, Artus aborde l’hypothèse d’une annulation de la dette grecque avec un sang-froid qui laisse rêveur : «Si la Grèce fait défaut sur sa dette extérieure détenue par les non-résidents, les prêteurs publics devront être remboursés de cette perte par les Etats de la zone euro. Ceci conduira à une hausse de 2,6 % de la dette publique de la zone euro […], ce qui ne changerait pas significativement la solvabilité budgétaire des pays de la zone euro».

Mieux, Artus évacue très sereinement la théorie d’un «effet domino» selon laquelle l’Espagne et l’Italie, notamment, pourraient être tentées à leur tour de faire défaut. Car si la Grèce ne remboursait pas sa dette, les marchés financiers lui imposeraient à nouveau «des taux d’intérêt très élevés», comparables à ceux de la fin 2014. Une perspective qui ne devrait pas, Natixis en est sûr, séduire les autres Etats tentés de faire défaut.

 

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