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Alternatives & Révolutions
9 mars 2015

Jean-Luc Mélenchon, l’homme à abattre Lundi 09

Jean-Luc Mélenchon, l’homme à abattre

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre
Haro sur Mélenchon ! Le tort du fondateur du Parti de gauche ? Avoir osé refuser la russophobie ambiante dans un long billet de blog. Trop long sans doute pour ses adversaires qui n'acceptent que ce qui est conforme à leur propre "pensée"...

Le Mélenchon bashing est devenu un sport très prisé dans l’univers politico-médiatique, au point que l’on finirait presque par s’y habituer, comme on s’habitue aux giboulées de mars ou à la neige à Noël. Dernier exemple en date : la prise de position du coleader du Front de gauche sur l’assassinat de l’opposant russe Boris Nemtsov. Celle-ci lui a valu un procès en sorcellerie de la pire espèce, menée par ses ennemis déclarés, ses vrais faux amis politiques et une cohorte de Fouquier-Tinville de sous-préfecture.

Certes, comme à son habitude, Jean-Luc Mélenchon n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à bortsch. Mais est-ce une raison pour le clouer au pilori de l’infamie ? Pour qui sait lire, l’essentiel de son (long) propos vise à refuser une russophobie ambiante décuplée par l’affaire ukrainienne, dans laquelle il voit un risque de dérive guerrière périlleuse. Certains ont réduit ce propos circonstancié à une diatribe anti Nemtsov fantasmagorique doublée d’un hymne à Poutine imaginaire.

En vérité, on ne pardonne pas à Mélenchon de ne pas monter à cheval pour partir en campagne de Russie. On ne tolère pas ses incartades à l’appel aux armes. Car il faut bien mesurer la somme des inepties qui s’écrivent depuis quelques jours après l’assassinat de Nemtsov. On se croirait parfois revenu au temps de l’URSS et de la guerre froide, avec Poutine dessiné en clone de Staline et les chars russes prêts à passer le Rhin en direction de Paris.

Boris Nemtsov était à peine abattu que des fins limiers, à Paris, désignaient d’un doigt accusateur le président russe. On veut bien que ce dernier soit capable de tout, mais il n’est peut-être pas assez idiot pour faire tuer l’un de ses opposants sous ses fenêtres. Ou alors il est totalement fou.   

Mélenchon a eu l’impudence de ne pas reprendre cette antienne baroque. Résultat : il a eu droit à des accusations aussi farfelues que déplacées. On l’a traité au mieux de naïf, au pire de complotiste, voire d’agent de Moscou se lavant les mains du sang versé. Mediapart est allé jusqu’à l’accuser « de cracher sur le cadavre » de Nemtsov. Or Mélenchon s’est juste insurgé de voir un « cacique elstinien » transformé « en ange de la liberté ». Se demandant s’il était nécessaire d’en rajouter à ce point, il posait cette simple question : « Ne suffit-il que cet homme ait été assassiné pour déplorer sa mort ? » 

Ce n’est pas la première fois que Mélenchon est soumis à ce régime spécial. Quoi qu’on pense de ses analyses et de son discours, il est de ces personnages qui dérangent par leur aptitude à parler haut et fort, sans forcément respecter les usages en vigueur dans les salons. Par le passé, Philippe Séguin ou Jean-Pierre Chevènement ont eu droit à des traitements similaires, destinés à remettre des esprits divergents dans le droit chemin.  

Mais que serait la démocratie si elle devait se réduire à l’eau tiède et à la parole molle ?

 

 

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