Après la pétition «Loi travail : non, merci !» qui cartonne depuis vendredi – 523 000 signataires au compteur (jeudi, en fin de matinée), voici la page Facebook qui monte. Lancée mercredi, la page favorable à la«convergence des luttes des salariés, des chômeurs, des retraités, des jeunes, contre la loi Gattaz-Hollande-Valls-Macron-El Khomri et toutes les régressions sociales» propose d’organiser une première manifestation le 9 mars, jour de présentation du texte de réforme du code du travail en Conseil des ministres. Puis une deuxième le 10, et ainsi de suite jusqu'«au retrait total de ce projet de loi !»

Le but : «Défendre notre peau», indiquent les initiateurs de la page, qui précisent que cet appel «n’est pas à l’initiative d’une organisation. C’est un appel citoyen et militant». Un programme qui semble séduire. Un jour après sa création, l'«événement» Facebook comptabilise 20 000 personnes disant vouloir participer, alors que 33 000 se disent«intéressées».

«La situation des salariés s’aggrave partout»

«Aucun d’entre nous n’est encarté politiquement, par contre, nous sommes militants aux côtés des salariés et nous constatons tous les jours la montée des abus et violences du patronat», explique àLibération une des trois personnes (syndicalistes chez SUD, CGT et FO) à l’origine de la page. Et d’ajouter : «Harcèlement, souffrance au travail : la situation des salariés s’aggrave partout, dans tous les secteurs.»

Quant à leur appel, «c’est juste une initiative suite à la publication du communiqué de l’intersyndicale pour pousser nos centrales à agir»,précise la militante. Mardi soir, les syndicats étaient sortis de leur rencontre au siège de la CGT à Montreuil avec un timide communiqué promettant de continuer à travailler ensemble. De quoi frustrer les anti-projet de loi El Khomri les plus virulents, impatients de manifester dans les rues. D’où cet appel sur Facebook à battre le pavé, «avec ou sans les directions syndicales».

«A quand la prochaine manif ?»

Sous la page de la pétition, lancée il y a six jours par les militants associatifs et syndicalistes, l’impatience point aussi : «A quand la prochaine manif ?» «Madame la ministre, rendez-vous dans la rue», «Et si les bientôt 500 000 signataires décidaient de manifester à Paris ! Quelle force ! Peut-être le début d’un mouvement populaire style Podemos !» Dans un commentaire, une retraitée promet de se «joindre à [eux] demain aux manifestations des salariés». Un autre appelle à un«massif soulèvement populaire pour faire respecter les droits des travailleurs». La colère s’exprime aussi sur Twitter, au travers d’un nouveau hashtag #OnVautMieuxQueCa lancé par des youtubeurs, afin de protester contre le projet de réforme du code du travail du gouvernement.


Un message qui semble avoir été reçu cinq sur cinq au siège de la CGT. Mercredi matin, quelques heures après l’intersyndicale, la centrale a envoyé une note interne à ses militants annonçant une «journée d’action» le 31 mars. De quoi calmer ses troupes, tout comme les impatiences des mouvements citoyens. Plusieurs centrales seraient prêtes à suivre le syndicat de Philippe Martinez, notamment la FIDL, FO, FSU, SUD, l’Unef ou encore l’UNL (lycéens). Quand à la CGC, elle ne ferme pas la porte. Reste à se mettre d’accord sur la date…

Amandine Cailhol