L’épisode est extravagant, et qui plus est sur un dossier de politique étrangère.

L’épisode est extravagant. Un Premier ministre qui désavoue le Président, et qui plus est sur un dossier de politique étrangère, et un Président qui, finalement, s’incline, c’est sans précédent. Voilà pourtant ce qui vient d’arriver après l’adoption, le 16 avril, d’une résolution de l’Unesco, votée par la France, protestant contre des travaux entamés par Israël dans la vieille ville de Jérusalem, et l’inscription des Tombeaux des Patriarches au « patrimoine national israélien ». La résolution demandait tout simplement lestatu quo dans l’administration des lieux saints de Jérusalem, à la fois juifs et musulmans, et des Tombeaux où se croisent les trois monothéismes. Mais la machine à propagande israélienne s’est immédiatement mise en branle : courrier indigné du Crif à François Hollande, et surenchère du député UDI Meyer Habib, proche de Netanyahou, qui parle de « résolution négationniste » et même de « judenrei » (en allemand : « vide de juifs »), terme couramment utilisé par les nazis… Le grand rabbin de France et le député Claude Goasguen donnent également de la voix. Le 6 mai, François Hollande réaffirme, dans une réponse adressée au président du Crif, l’attachement de la France au statu quo. On aurait pu, on aurait dû, en rester là. Mais, le même jour, voilà que, devant les Amis du Crif, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, craque, affirmant qu’il « ne fallait pas adopter cette résolution ». Plus grave encore : le 11 mai, c’est Manuel Valls qui déclare, en séance publique à l’Assemblée, que « ce vote n’aurait pas dû avoir lieu ». Et que croyez-vous qu’il arriva ? C’est François Hollande qui céda… Le 17 mai sur Europe 1, il a fini par juger « fâcheux »le vote de la résolution.