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Alternatives & Révolutions
27 mai 2016

"DPDA" sur France 2 : JLM redonne son sens à l'émission ( par François Cocq )

 
"DPDA" sur France 2 : ferme et insoumis, Mélenchon
               a redonné son sens à l'émission

 

 

LE PLUS. Pour la dernière de "Des paroles et des actes", Jean-Luc Mélenchon était l'invité de David Pujadas. Après avoir menacé de boycotter le programme, le créateur du Front de Gauche s'est finalement rendu sur le plateau, pour redonner son sens ultime à l'émission. C'est en tout cas l'avis de de François Cocq, conseiller territorial et président de l’AGAUREPS-Prométhé.

Édité par Anaïs Chabalier 

Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de "DPDA" (CAPTURE FRANCE 2).

 

Il aura donc fallu la dernière ce jeudi de l’émission de France 2 "Des paroles et des actes" pour que le titre de celle-ci trouve enfin son sens.

 

Pour leur ultime soubresaut, David Pujadas et ses comparses n’ont pas dérogé à leurs habitudes : ils ont profité de la venue de Jean-Luc Mélenchon pour être des caricatures d’eux-mêmes.

 

Rarement l’émission avait atteint un tel niveau d’agressivité à l’encontre de l’invité. Avec cette fois un effet inverse à celui recherché : c’est le refus de Mélenchon de courber l’échine devant les assauts répétés de ses contradicteurs pendant 2h30 qui a suscité chez le téléspectateur au fil des minutes la conviction que la fermeté de la parole donnée pouvait enfin redevenir chez un responsable politique le gage des actes posés.  

 

 

"DPDA" est une épreuve

 

Car "Des paroles et des actes" est une épreuve. Cette émission vise moins à éclairer le débat public qu’à soumettre l’invité au verdict de la bien pensance oligarchique. Mélenchon a gagné ses galons pour y faire face. On peut aimer ou ne pas apprécier le personnage qu’il choisit d’incarner.

 

Force est cependant de constater que c’est cette lente construction de soi et de ce qu’il représente qui lui permet, à l’heure de la volatilité médiatico-politique, de poser sur la table une armature d’idées.

 

La forme a ouvert un espace pour le fond dans un paysage qui en manque tant. L’émission de ce jeudi a permis de le vérifier : comme chez Faulkner, le bruit et la fureur du Mélenchon 2012 était le passage obligé, la parole qui ouvrait déjà l’acte de conscientisation du grand nombre, avant l’invitation au voyage faite à la France à travers la mise en mouvement de son peuple pour 2017 et au-delà.

 

La société du spectacle refuse la conflictualité 

 

L’échange initial sur la loi Travail aurait ainsi dû se résumer selon le script initial de David Pujadas à une mise au pied du mur des grévistes et des syndicats. Malgré, ou plus sûrement à cause de la  grande journée de mobilisation de ce jeudi, il aurait fallu se désolidariser des "jusqu-au-boutistes", des "extrémistes" et autres "preneurs en otage".

 

La société du spectacle ne veut pas de la conflictualité qui crée de la conscience. Elle cherche à asseoir des rapports de domination en délégitimant ceux qu’elle pointe du doigt comme des adversaires. Mais les représentations sont dépassées. Là où certains voudraient figer des cases catégorielles et des intérêts corporatistes, Jean-Luc Mélenchon a explicité comment on reconstruit de l’appartenance commune par l’expression de "signifiants" renouvelés.

 

C’est pour cela que la mobilisation actuelle, malgré les désagréments concrets qu’elle engendre dans le quotidien de nombre de nos compatriotes, continue à être perçue comme une lutte d’intérêt général, présent et à venir.    

 

La construction d'une France insoumise

 

Les commentateurs fonctionnent eux encore avec l’ancien logiciel et dans le petit monde : il fallait les voir tourner autour de "la primaire" pour mieux évoquer la "solitude" de Mélenchon, Nathalie Saint-Cricq avouant dans un souffle "je ne vous parle pas des gens".

 

Peu importait aux procureurs médiatiques que la dite primaire ait atomisé la gauche, stérilisé les volontés des récalcitrants d’apparat, et au final ne soit rien d’autre qu’un marche pied pour François Hollande : la primaire (qu’elle soit de gauche ou de droite) est l’outil préétabli de reproduction d’un système qui ne supporte pas que l’on se situe en dehors de lui. Les six mois pour rien qui viennent de s’écouler en apportent une preuve navrante. Et il faut parfois savoir faire un pas en avant, comme le suggère Inigo Errejon, le théoricien de Podemos :

 

"Si nous nous étions soumis à un processus de décision collectif, il ne serait jamais rien sorti. La différence entre commenter et militer, c’est que dans le second cas on assume le risque de vérifier ses hypothèses politiques".

 

C’est ce passage de la parole à l’acte qu’a engagé Jean-Luc Mélenchon avec la démarche de construction de la France insoumise qu’il propose.  

 

Appelé à rentrer dans le rang

 

Une telle indiscipline, c’en était trop : tout le long de l’émission, Jean-Luc Mélenchon était appelé par David Pujadas et consorts à rentrer dans le rang. Il était ainsi sommé là de s’écarter devant la poussée de l’extrême-droite en France et en Europe, plus tard de se prononcer sur un hypothétique (voire surréaliste) second tour Hollande-Le Pen.

 

La fermeté dans le verbe avec laquelle il a refusé de s’enfermer dans ce tableau va de pair avec le volontarisme de la réponse politique qu’il pose et qui vise à reconquérir le champ de l’hégémonie culturelle plutôt qu’à se complaire dans un cynique calcul politicien qui fait de la présence du FN au second tour un gage de victoire pour son adversaire (jusqu’à quand ?).

 

Être insoumis nécessite de rompre avec les codes et les règles. La crédibilité dans l’action se gage par la capacité à ne pas plier devant les injonctions. François Hollande nous a infligé un quinquennat de contre-exemple en baissant pavillon dès l’été 2012 devant Madame Merkel et la finance. Celui-là n’est pas fait du bois qui résiste. Ne peut au contraire assumer la sortie des traités européens que celui ou celle qui déjà a brisé dans le discours la matrice qui l’enferrait.

 

Un autre chemin est possible

 

C’est cette conviction qu’a emportée Mélenchon chez le téléspectateur comme l’a prouvé le sondage qui montrait la forte augmentation, entre le début et la fin de l’émission, de la confiance qui lui était faite pour enfin régler les problèmes.

 

L’émission "Des paroles et des actes" n’aura finalement jamais si bien porté son nom qu’à son crépuscule, fut-ce à son corps défendant. Or ce n’est pas une mince affaire qu’après des années d’agonie de la vie démocratique et de la vie publique, les paroles retrouvent enfin à travers Jean-Luc Mélenchon un débouché vers des actes.

 

Preuve qu’un autre demain est possible parce qu’aujourd’hui n’est déjà plus le présent.

 

 

 

 
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