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Alternatives & Révolutions
8 juillet 2016

MOIS DE RAMADAN SANGLANT : DES PAYS A MAJORITE MUSULMANE DUREMENT FRAPPES PAR DES ATTENTATS TERRORISTES !


 
Pour que les victimes de l’attentat de Bagdad aient un visage
                       et ne soient pas qu’un nombre

 

LE MONDE  07.07.2016 Par 

Dans le quartier de Karrada à Bagdad, le 7 juillet.

Le 6 juillet a marqué l’Aïd el-Fitr, fin d’un mois du ramadan 2016 particulièrement sanglant dans les pays à majorité musulmane. Une série d’attaques d’envergure – attentats-suicides ou fusillades – revendiquées ou attribuées, en raison de leur modus operandi, à l’Etat islamiqueont eu lieu en moins d’une semaine, tuant plus de 330 personnes dans cinq pays musulmans :

  • le 27 juin, sept attaques simultanées tuaient 43 personnes dans la ville de Moukalla au Yémen ;
  • le 29 juin, des kamikazes tuaient 45 personnes à l’aéroport Atatürk d’Istanbul en Turquie ;
  • le 1er juillet, un commando armé tuait 20 personnes à Dacca au Bangladesh ;
  • le 3 juillet, une voiture piégée explosait dans le quartier commerçant de Karada à Bagdad, tuant au moins 292 personnes et en blessant 200 autres. C’est une des pires attaques depuis la fin de l’invasion américaine en 2003 ;
  • le 4 juillet, trois attaques suicides avaient lieu en quelques heures en Arabie saoudite, à Djedda, à Qatif et devant la mosquée du Prophète à Médine, deuxième ville sainte de l’islam après La Mecque. Au moins sept personnes ont été tuées.

L’accumulation des attentats, du nombre d’hommes, de femmes et d’enfants tués, conjuguée à leur distance géographique de l’Occident, a fait que la couverture médiatique de ces événements tragiques a parfois été jugée en deçà de ce qu’ils méritaient.

Certains notaient que symboliquement, aucun monument d’une grande ville européenne n’a été paré des couleurs des drapeaux de l’Irak, du Bangladesh, de la Turquie ou de l’Arabie saoudite (le New York Times avance qu’une des raisons serait « que trois de ces drapeaux portent des symboles ou des slogans sur l’islam ») ; ou que Facebook n’a pas activé son mécanisme de « Safety Check », comme il l’avait fait à ParisBruxelles ou Orlando (il a été activé à Istanbul, mais le gouvernement turc a rapidement décidé de bloquer l’accès à Facebook).

Combler le vide médiatique

Sur les réseaux sociaux, certains étaient irrités de voir que des hashtags à la mémoire des victimes (comme #PrayforIrak, #JeSuisBagdad) n'avaient pas le même retentissement que ceux qui avaient suivi les deux attentats à Paris ou celui de Bruxelles, ou qu’il n’y ait pas davantage de photos de profils aux couleurs des drapeaux de l’Irak, du Bangladesh, de la Turquie ou du Yémen.

Il y a toujours un risque à vouloir quantifier l’émotion via des reprises de hashtags sur un réseau social. C’est en revanche un outil qui peut être utile, et puissant, pour tenter de combler ce vide médiatique réel ou ressenti.

Mustafa Al-Najafi, producteur de documentaires d’origine irakienne, vit à Londres depuis 20 ans. Il a de la famille à Bagdad, des amis et « des amis d’amis, qui sont parmi les victimes » de l’attentat du 3 juillet. A mesure que les informations lui parviennent ce jour-là, il comprend l’ampleur du massacre. Et alors que les heures passent, il s’énerve de voir que la couverture se résume au bilan qui augmente.

« C’est ce qui arrive quand il y a des attentats en Irak. Pour lesmédias, les morts ne sont que des statistiques et la fréquence des attaques signifie que le choc n’est pas aussi fort qu’ailleurs, comme cela a été le cas en Europe. »

Pour qu’on ne se souvienne pas des 300 hommes, femmes et enfants irakiens morts dans le quartier de Karrada comme « de chiffres », il commence, d’abord sous le coup d’une légère colère, à relayer leurs noms et leurs photos sur son compte Twitter, les regroupant sous le hashtag #NotJustANumber(#PasSeulementUnNombre).

« Mon peuple meurt et malheureusement, les médias ne font qu’additionner des chiffres. »

Frères, filles, pères, étudiants...

Il commence à tweeter sous ce hashtag dès le lendemain de l’attentat, rassemblant les images envoyées par ses proches en Irak, par la communauté irakienne à Londres et celles repérées sur des comptes Twitter d’Irakiens ou dans la presse irakienne. « Tous ceux qui ont la moindre information sur les victimes me contactent », dit Mustafa Al-Najafi, en reconnaissant « qu’il était très difficile d’avoir des informations précises ».

Parfois, les victimes n’ont pas de nom, juste une photo non datée, un selfie ou un snap pris avec un portable. On apprend parfois leur âge, leur métier ou le fait qu’il venait tout juste d’avoir leurs diplômes. « En regardant leurs photos, on voit que c’étaient des personnes belles et intelligentes », dit Mustafa Al-Najafi.

« Deux jeunes frères sur cette photo portent la même chemise. Aussi tués à Bagdad »

« Une autre victime : Adel décorait les rues du centre-ville de Bagdad et se préparait à l’Eid »

« Mustafa Mahdi avait un étal dans le marché de Karada. »

« Adnan, Akram et Karar et trois autres amis qui venaient d’avoir leurs diplômes et étaient prêts à commencer leurs vies. »

« La jeune Ruqayya Hasan, son frère Hadi et leur père, tous tués à Bagdad ».

« Mohammed né en 1984 avait une famille et un bébé, ainsi qu’un enfant de 5 ans qu’il laisse derrière lui »

La chaîne britannique Channel 4 est un des rares médias occidentaux à avoirentrepris le même travail que Mustafa Al-Najafi faisait à son niveau. Ce lent recensement a pris la forme d’une vidéo, mise en ligne, le 7 juillet, pour « raconter les histoires des victimes » comme Adel Euro, un danseur qui était sur le point de se marier ; Issa Al-Obaidi, un étudiant qui faisait ses courses dans le bâtiment attaqué ; Mohammed Mahdi Albadry, dont le fils est né quelques jours après sa mort ; et ceux et celles dont les corps n’ont pas pu être identifiés.

A Bagdad, le lieu de l’attentat est devenu celui des hommages aux disparus. Des bougies couvrent le sol et les noms de victimes, qui circulent en ligne, sont solidement accrochés sur le bâtiment où certaine d’entre elles ont péri.

 

 



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