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Alternatives & Révolutions
12 juillet 2016

Présidentielle, législatives, force alternative, appareils, citoyens...Eléments de réflexion dans un article de l'Humanité...

JULIA HAMLAOUI
LUNDI, 11 JUILLET, 2016
L'HUMANITÉ
Front de gauche. Avec la présidentielle, la tension monte d’un cran
Jean-Luc Mélenchon, le 5 juin, lors du lancement de « la France insoumise», place Stalingrad à Paris.
Jean-Luc Mélenchon, le 5 juin, lors du lancement de « la France insoumise», place Stalingrad à Paris.
Photo : AFP

Sur fond de désaccords stratégique et programmatique, Jean-Luc Mélenchon se dit contraint de « tournerla page » du Front de gauche, tandis que le PCF et Ensemble appellent à un rassemblement plus large.

Battre Hollande, la droite et le FN aux prochaines élections ? Si, parmi les formations à l’origine du Front de gauche, la réponse est unanime, pour y parvenir, plusieurs stratégies ont émergé ces derniers mois. Entrée en campagne unilatérale et « hors partis » du côté de « la France insoumise » que souhaite incarner Jean-Luc Mélenchon ; « un processus collectif » de désignation du candidat, voire une primaire, réunissant différentes forces de gauche et citoyennes à partir d’un programme validé par ces dernières du côté du PCF. Après une série de tensions particulièrement marquées depuis les élections municipales de 2014, liées notamment aux relations avec le reste de la gauche, ces derniers jours, la tendance est plutôt à de nouvelles crispations.

« Le cartel du Front de gauche n’existe plus. La confiance aussi est morte », a estimé Jean-Luc Mélenchon dans un entretien à Mediapart, le 3 juillet, distillant les reproches à ses alliés de 2012. La sentence paraît définitive et va au-delà du diagnostic d’échec sur lequel s’accordaient ses formations. Sur le remède à prescrire, la conclusion est elle aussi bien différente. « Je ne veux rien avoir à faire avec un habit aussi usurpé que celui-là. C’est clair : “la France insoumise” est le cadre et le sigle dans lequel se situe la campagne que j’anime pour les élections présidentielle et législatives », a annoncé le député européen dans une note de blog, publiée la semaine précédente. Pour lui, la page est pour l’heure bien « tournée ».

« Construire une candidaturequi soit rassembleuse »

« Penser qu’on va réussir en tuant le voisin de palier me paraît une drôle d’idée. Si on se fait la guerre, tout le monde perdra », objecte Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, qui plaide pour « un processus de rassemblement qui soit une nouvelle étape par rapport au Front de gauche mais dans lequel se retrouvent toutes ses forces, et qui permette, en même temps, à tous ceux mobilisés contre la loi El Khomri, dans les Nuits debout, etc., de trouver leur place ». Pour sa part, le PCF a arrêté sa stratégie lors de son congrès à Aubervilliers, début juin. « La conclusion a été très claire : il faut essayer de poursuivre et d’élargir encore le Front de gauche. La démarche qui a conduit à sa création, réunir plusieurs forces de cultures politiques différentes à gauche, est la bonne », a rappelé, mercredi dernier sur LCP, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, précisant qu’en vue de la présidentielle, il s’agit de « construire une candidature qui ne peut pas être celle du gouvernement actuel, qui a tourné le dos à la gauche et qui doit rassembler Jean-Luc Mélenchon, les communistes, les écologistes et les socialistes qui ne veulent plus de cette politique ». Ce n’est cependant pas sur les forces organisées que le fondateur du Parti de gauche (PG) entend compter en priorité avec « la France insoumise ». Le cadre qu’il construit est donc sensiblement différent de celui du Front de gauche mais convient parfaitement au PG, explique son coordinateur, Éric Coquerel : « Le PG s’est toujours vécu comme un outil pour créer un espace plus large que le nôtre. C’est notre objectif stratégique. On n’a jamais considéré qu’on était une fin en soi ni l’espace de toute la recomposition. » Le candidat, lui, prend soin de dire que sa « porte est ouverte », pour mieux préciser : « Il y a un cadre ! Certes, il est mis en partage mais dans le respect de ceux qui l’ont constitué : c’est “la France insoumise”. » Pas de quoi brosser dans le sens du poil des communistes que la députée PCF Marie-George Buffet a appelé à faire le choix de sa candidature, en novembre, lors de leur conférence nationale.

Mais surtout le projet de Jean-Luc Mélenchon ne s’arrête pas aux élections de 2017. En plein bouleversement à gauche, le député européen agit pour que la recomposition s’opère dans le cadre qu’il a créé. « L’enjeu, c’est aussi l’installation d’un nouveau progressisme écologiste et social, d’un nouvel humanisme politique en France comme courant à vocation majoritaire (…), du projet pour changer l’histoire de la civilisation humaine, après le rêve socialiste », déclare-t-il, tout en creusant le sillon qui consiste à vouloir fédérer « le peuple, acteur de l’histoire », plutôt que de rassembler à gauche. Les soutiens de « la France insoumise » seront ainsi appelés à décider « à la fin de la campagne (si le mouvement) devient une structure politique permanente ».

Le tout, quitte à acter la rupture sur le fond avec ses (anciens ?) partenaires. Sur le nucléaire, par exemple, il est prêt au clivage, notamment avec le PCF : « Je prends position très clairement pour la sortie du nucléaire », a-t-il annoncé fin mai, lors de la présentation des grands axes de son programme. « C’est une évolution. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout pour soutenir un candidat », tempère Éric Coquerel. Sur l’Europe également, « la feuille de route avec un plan A et un plan B » (le premier prévoyant la rediscussion des traités et le second, en cas de refus, une sortie) ne fait pas l’unanimité.

Pierre Laurent propose une « conférence citoyenne permanente »

Pointant une « présidentialisation excessive » de la démarche de Jean-Luc Mélenchon, le secrétaire national du PCF a également relevé, la semaine dernière, un désaccord sur cette question européenne. Si Éric Coquerel met au défi les autres forces du Front de gauche de contester que la rupture soit nécessaire pour refonder l’Union européenne, Pierre Laurent propose une autre méthode que le plan B, celle d’une « conférence citoyenne permanente » associant élus, syndicats, ONG et forces politiques pour la rédaction d’un nouveau traité soumis ensuite à référendum. « Sur la question européenne, on a une épine dans le pied. Mais celle-ci traverse chacune de nos organisations, constate pour sa part Clémentine Autain. Exploser juste sur ça alors qu’on est d’accord sur l’essentiel, sur le refus du libéralisme économique, de la logique capitaliste, sur la protection de nos droits… » Pour Marie-Pierre Vieu, le désaccord plaide dans le sens du « pacte d’engagements communs » que son parti appelle à construire : « Le PCF a décidé de se battre jusqu’au bout pour que, de la gauche du PS au NPA, en identifiant de grands engagements communs, on construise une candidature commune. Sinon, tout le monde y perdra. Ceux qui font grève deux fois par semaine depuis trois mois en premier. »

La crispation s’aiguise aussi sur les législatives

Le défi n’est pas des plus minces, d’autant que la crispation s’aiguise aussi sur le terrain des législatives. « Des signaux extrêmement négatifs sont aussi arrivés. Le pire de tous, c’est que le PCF, dès le mois de septembre, aura désigné tous ses candidats aux législatives », reproche Jean-Luc Mélenchon, justifiant ainsi sa décision d’investir dès lors « des candidats dans toutes les circonscriptions » (en tendant la main à d’éventuels « candidats communistes »). « Il y a un risque très grave (de disparition) pour toutes les forces de gauche à ces élections », a prévenu en retour Pierre Laurent, précisant la démarche de son parti : « Il faut donc se donner les meilleures chances, ce qui signifie construire des candidatures de gauche qui aient une chance de l’emporter, dans les circonscriptions et non pas dans des discussions nationales. » Pour « changer de politique, il ne suffira pas de changer de président », ajoute-t-il, faisant valoir qu’aucun des candidats potentiels (Mélenchon, Duflot, Montebourg…) de la gauche critique « n’a à lui seul une majorité de gauche ».

Reste, pour Clémentine Autain, « le souvenir de 2007, et je sais quel est le prix à payer de l’éclatement de nos forces. Si on sort avec plusieurs candidats à la présidentielle, on ira droit dans le mur », prévient-elle, appelant « à la responsabilité collective » pour « retrouver le chemin du dialogue et partir du principe qu’on a à construire ensemble ».

« Je vote, ils dégagent ». L’équipe de Jean-Luc Mélenchon a annoncé vendredi le lancement d’une campagne pour inciter à l’inscription sur les listes électorales. Avec pour slogan « Je vote, ils dégagent », elle se décline en autocollant, affiche et tracts où l’on peut lire notamment « Pierre Gattaz, le président du Medef, ira voter pour obtenir de nouveaux cadeaux pour les actionnaires contre les salariés. Et vous ? ». Une « caravane pour l’égalité et l’accès aux droits » sera aussi organisée cet été dans les quartiers populaires, préviennent les militants de « la France insoumise ». Le thème, lui, n’est pas neuf pour le candidat qui en 2010 signait un livre titré Qu’ils s’en aillent tous !

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