LE NIVEAU DE VIE DES FRANCAIS

GÉRARD LE PUIL

MARDI, 6 SEPTEMBRE, 2016

HUMANITE.FR

Le niveau de vie des Français stagne ou diminue

                               depuis huit ans

La situation des plus pauvres a continué de se dégrader sous la présidence de François Hollande

Photo : AFP

Sous l’intitulé Les niveaux de vie en 2014, l’INSEE publie une étude qu’il convient de bien décrypter pour ne pas se laisser induire en erreur par des chiffres bruts qui pourraient laisser penser qu’ils rendent compte de revenu par personne et non par unité de consommation. Ainsi un ménage de 7 personnes, composé d’un couple et de cinq enfants de moins de 14 ans, ne compte que pour trois unités de consommation dans le calcul du revenu disponible.

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publie ce 6 septembre une étude sur le niveau de vie des Français en 2014. En chiffres brut le revenu annuel médian d’un Français est de 20.150€ en 2014, soit 1.679€ par mois. Par revenu médian, on désigne le juste milieu entre ceux qui ont moins que cette somme et ceux qui ont plus. Ce chiffre vaut pour une personne vivant seule. Elle compte alors pour une unité de consommation. Mais la seconde personne composant un ménage ne compte que pour 0,5 unité de consommation, chaque enfant de plus de 14 ans compte aussi pour 0,5 unité de consommation contre 0,3 quand il a moins de 14 ans. Un couple sans enfant étant équivalent à 1,5 unité de consommation, il bénéficie du revenu médian quand le total de ses ressources disponibles est de 30.225€ dans l’année. Cette somme englobe tous les revenus, qu’ils proviennent du travail, des pensions de retraites, voire des intérêts de placements et de gains en Bourse. Le ménage compte deux unités de consommation quand il compte  un second adulte et un enfant de plus de 14 ans. Dit autrement, un revenu annuel disponible de 40.300€  pour ces trois personnes équivaut à un revenu disponible 20.150€ pour une personne seule. 

Les familles monoparentales sont trois fois plus pauvres que les couples avec enfants

Les enfants de moins de 14 ans comptent pour 0,3 unité de consommation chacun. Ainsi, un ménage composé d’une couple avec cinq enfants de moins de 14 ans, cumulera seulement trois unités de consommation pour sept personnes. Avec 60.150€ de revenu annuel, il bénéficie du revenu médian de 20.150€, bien que la somme disponible par tête tombe à 835€. Les économies d’échelle au sein d’un ménage sont supposées réduire le budget de fonctionnement dans ces proportions. C’est plus que contestable quand on voit, par exemple, le coût de la garde des enfants en bas âge. Mais ces réalités semblent toujours échapper aux statisticiens de l’INSEE depuis leur tour d’ivoire.

Il ne faut jamais perdre de vue que ce mode de calcul permet un affichage de chiffres bruts qui ne rend pas compte des sommes disponibles par individu dans un ménage. D’autant que « les revenus de 50% des ménages sont en dessous du revenu médian de 20.150€ par unité de consommation. « En 2014, les 10% de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10.770€ par mois. Les 10% les plus aisés ont un niveau au moins 3,5 fois supérieur, au delà de 37.260€ (…) Le seuil de pauvreté qui correspond à 60% du niveau de vie médian de la population, s’établit à 1.008€ mensuels. La pauvreté ainsi définie touche 14,1% de la population, proportion stable par rapport à 2013(…) En 2014, 36,6% des chômeurs vivaient en dessous du seuil de pauvreté » lit-on dans l’étude, ce taux étant de 35,9%  pour les « personnes vivant dans une famille monoparentale». Et l’étude de noter à ce propos : « Ne bénéficiant de revenu d’activité que d’un seul parent, celui des mères dans 80% des cas, les familles monoparentales sont trois fois plus souvent pauvres que les couples avec enfants (…) Ce sont elles qui, en 2014, connaissent la plus forte détérioration: leur part dans la population pauvre passe de 21,9% en 2013 à 23,2% en 2014 et leur taux de pauvreté est en hausse de + 1, 4 point en 2014».

Les retraités les plus âgés vivent de plus en plus mal

Voilà qui donne à réfléchir quand on voit Nicolas Sarkozy préconiser une baisse de 20% des indemnités de chômage au bout d’un an et une nouvelle baisse de 20% six mois plus tard, les autres candidats de droite n’étant pas en reste dans leur volonté de punir les pauvres d’être pauvre après l’élection présidentielle de 2017, qu’il s’agisse de la réduction des indemnités de chômage ou des aides spécifiques destinées aux plus défavorisés. Voilà qui montre aussi que la situation des plus pauvres continue de se dégrader sous la présidence de François Hollande. Car l’étude note aussi que les retraités les plus âgés vivent de plus en plus mal. Outre les effets du blocage des pensions depuis trois ans que l’INSEE occulte, l’étude note néanmoins que « pour les plus de 65 ans, la part de la population pauvre parmi les retraités tend à augmenter avec l’âge. Ainsi, le taux de pauvreté des retraités de 65 à 74 ans est de 5,6% alors qu’il est de 8,5% chez les 75 ans ou plus ».

Notons enfin qu’un graphique de l’INSEE montre une amélioration faible mais constante du niveau de vie des ménages en France entre 1996 et 2008. La courbe s’inverse ensuite sous Sarkozy, sauf pour les plus riches, la baisse touchant toutes les catégories sociales sous la présidence de François Hollande.