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Alternatives & Révolutions
7 avril 2017

Présidentielle : QUELS PROGRAMMES POUR LA SANTE AU TRAVAIL ? (Regards)

Présidentielle : quels programmes pour la santé au travail ?

 

 

Le thème de la souffrance au travail intéresse très diversement les candidats à la présidentielle : sa place est importante chez Hamon et Mélenchon, négligeable dans les programmes de Macron, Fillon ou Le Pen. Revue des différences et des indifférences.

 

Hamon : les entreprises face à leurs responsabilités

 

Avec la reconnaissance du burn-out, le syndrome d’épuisement professionnel et autres pathologies, comme maladie professionnelle, Benoît Hamon s’est fortement positionné sur la question. Il avait déposé un projet de loi en ce sens, en janvier 2016, et aujourd’hui il affirme que « grâce à cette mesure, les entreprises seront reconnues responsables de la souffrance au travail de leurs salariés (…), contraintes soit d’en assumer le coût, soit de modifier en profondeur leurs méthodes de management ».

Par ailleurs, le candidat socialiste veut remplacer la loi Travail par une nouvelle loi qui prévoit notamment de « renforcer le compte pénibilité » et de « conforter le droit à la déconnexion ». Au chapitre de ses mesures pour les services publics, il affirme vouloir « poursuivre le chantier de l’amélioration des conditions de travail, par le renforcement de la médecine du travail et la prévention de la pénibilité́ ».

Plus à la marge, le "Projet pour faire battre le cœur de la France" envisage la réforme du Régime social des indépendants et la création d’un "statut de l’actif" destiné à lutter contre les méfaits de « l’ubérisation débridée ». On note en outre une volonté de « faciliter la vie des salariés en situation de handicap dans l’entreprise par l’aménagement des postes de travail et en favorisant le télétravail », le développement du sport-santé en entreprise, et le renforcement de la lutte contre le travail dissimulé. 

Mélenchon : une "grande cause nationale"

 

Dans le programme de L’Avenir en commun, la préoccupation pour la souffrance au travail se manfeste au travers de principes généraux (lutte contre la précarité, réduction du temps de travail, sécurité sociale intégrale…), mais aussi de propositions. La souffrance au travail sera ainsi consacrée "grande cause nationale", afin de « mobiliser les moyens financiers et de communication contre ce fléau et subventionner les réseaux professionnels et de santé agissant sur ce thème, ainsi que les artistes mettant en lumière la souffrance au travail ».

Il s’agit notamment de renforcer la médecine du travail et d’en faire « un réseau sans faille » en l’intégrant au service public de santé, en augmentant effectifs et salaires et en garantissant ses moyens. Un "plan de santé au travail" est également envisagé. Le programme prévoit par ailleurs de restaurer les visites médicales obligatoires à l’embauche et en cours de contrat de travail, et d’ouvrir l’accès de la médecine du travail aux chômeurs. Même souci de réarmer l’Inspection du travail par un doublement des postes d’inspecteurs ou la création d’un parquet spécialisé en droit du travail, « afin d’améliorer les suites pénales en matière de droit du travail ».

Comme Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon veut que le burn-out soit reconnu comme maladie professionnelle. Il préconise de « lutter contre l’idéologie managériale et ses effets psychologiques et sanitaires et imposer l’enseignement des sciences sociales et des risques psychosociaux dans les cursus de gestion, commerce et ressources humaines ». Enfin, le nombre d’accidents du travail deviendrait un critère de sélection dans l’accès aux marchés publics. 

Macron, candidat du travail heureux

 

Conformément au style déclaratif de sa campagne, Emmanuel Macron se contente de (vagues et rares) généralités sur le sujet. Tout juste trouve-t-on trace, dans son programme, d’une mention des « enjeux de santé au travail (accidents, burn out, etc.) ». "Candidat du travail", il s’inscrit plutôt dans le registre "Le travail, c’est la santé" puisqu’il le conçoit comme un vecteur d’épanouissement pour tous, jusque dans l’ubérisation dont il se fait le chantre.

Le stress de la précarité, l’épuisement au travail des chauffeurs et des livreurs, le tarissement délibéré de leurs revenus par les plateformes sont des éléments qui lui semblent étrangers. On en eut la confirmation lorsqu’il déclara en meeting, à propos du compte pénibilité : « Je n’aime pas le terme donc je le supprimerai car il induit que le travail est une douleur ». Croire que le mal disparaît avec le mot : du Macron dans le texte. Quant aux « nouvelles souplesses au niveau de l’entreprise ou de la branche » qu’il préconise, elles augurent surtout de nouvelle détériorations. 

Fillon / Le Pen, même (non-)combat

 

Dans le programme "santé" de François Fillon, la volonté de libéraliser le secteur ne s’accompagne d’aucune préoccupation apparente quant à la santé au travail. Comme Macron, il veut « libérer les énergies » en favorisant le travail indépendant, mais ne prévoit que « d’adapter » le régime de protection sociale des autoentrepreneurs. De toute façon, « le travail ne sera plus une contrainte, mais un facteur d’épanouissement », décrète-t-il. Nulle part de mentions de la souffrance au travail, de la santé au travail, du harcèlement (sinon "de rue")…

Même manque d’intérêt dans le programme de Marine Le Pen [1]. Tout juste trouve-t-on, dans un livret sur la Sécurité sociale, l’affirmation que « le burn-out et les suicides de soignants ne sont pas admissibles » et la promesse que « nous lutterons contre ce fléau ».

L’indifférence est également de mise chez Nicolas Dupont-Aignan (qui se dit comme Macron "candidat du travail"), qui ne s’inquiète que de la pénibilité du travail des médecins et des professionnels de santé. 

Cheminade et Arthaud veulent une révolution

 

Si le thème de la santé au travail est peu présent formellement dans le programme de Philippe Poutou, celui de Nathalie Arthaud l’aborde sous l’angle des accidents du travail, des maladies professionnelles et des licenciements pour inaptitude. « Le patronat doit indemniser intégralement les accidentés du travail et les victimes de maladies professionnelles », lit-on. Le discours voit les causes et les solutions dans les politiques de l’emploi : « Il y a urgence à embaucher pour réduire les cadences, la fatigue accumulée. (…) Il y a urgence à inverser le rapport de force entre les travailleurs et le patronat, pour qu’on ne perde pas sa vie à la gagner ».

La surprise vient finalement de Jacques Cheminade, qui aborde la question au travers de celle des retraites. Il évoque les phénomènes de souffrance au travail, de harcèlement, de pénibilité psychologique, de stress et désigne la responsabilité des méthodes de management. Pour lui, la solution est globale : « La réalité est que si l’on veut allonger la vie de travail compte tenu de l’accroissement de l’espérance de vie (…), il faudra améliorer nettement les conditions de travail, ce qui suppose un changement radical des priorités économiques et sociales de toute la société ».

NB : nous n’avons pas trouvé d’éléments de programme, sur le sujet, chez François Asselineau et Jean Lassalle.

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