Les socialistes ont tout faux, ou presque, depuis le début de la campagne présidentielle, face à Jean-Luc Mélenchon. Aujourd’hui encore, alors que le leader de la France insoumise connaît une poussée spectaculaire dans les sondages, déplace les foules et creuse l’écart à gauche avec Benoît Hamon, ses anciens camarades de la rue de Solférino ont du mal à le prendre au sérieux. Comme du temps où François Hollande était premier secrétaire du PS, beaucoup tiennent encore l’ancien sénateur socialiste pour un marginal de la politique, tonitruant souvent, mais inoffensif à leurs yeux. « Le PS a tendance à traiter Mélenchon comme un désaxé, mais c’est une erreur, car on est précisément dans une présidentielle désaxée », estime un élu socialiste.
Il y a pourtant de quoi s’alarmer pour Benoît Hamon, à deux semaines du premier tour. Dans cette présidentielle hors normes, Jean-Luc Mélenchon réalise une percée remarquable. Selon le baromètre Viavoice-Libération publié lundi 10 avril, le député européen réussit à séduire largement les sympathisants de gauche (78 % contre 47 % pour M. Hamon) et les électeurs « sans sympathie partisane » (49 % contre 19 %), quand le député des Yvelines ne parvient plus à progresser dans les intentions de vote, ou, pire, régresse.
Un vote coup de cœurLa bascule en faveur de l’« insoumis » Mélenchon s’est opérée à l’occasion des deux débats télévisés des 20 mars et 4 avril, au cours desquels il a marqué les esprits, tandis que M. Hamon est apparu plus en retrait. « Mélenchon était mieux préparé, c’est un excellent orateur et il a plus d’expérience, il en est à sa deuxième campagne présidentielle », reconnaît un soutien du candidat socialiste.
Depuis, des élus du PS constatent une poussée Mélenchon sur le terrain. « En 2012, il y avait un vote utile à gauche pour Hollande. Cette fois, on sent une dynamique en faveur de Mélenchon, une sorte de vote d’affirmation par rapport au duel annoncé Le Pen-Macron »,...