Malgré des incertitudes sur les résultats définitifs, le leader de la France insoumise a acté sa défaite. Et consultera ses « insoumis » pour savoir s'il appelle à un vote barrage contre Marine Le Pen dans deux semaines.

Ils étaient déçus, les insoumis. Déçus, mais loin d'être effondrés. Et persuadés que, malgré la défaite, le combat ne fait que commencer. « La vie politique continue, quoi qu'il arrive, c'est juste que le nouveau monde tarde à apparaître », glissait, en termes gramsciens, Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, quelques minutes après le résultat.

Dans la petite salle de presse, au fond du Belushi's, la discothèque vers la gare du Nord dans laquelle était organisée la soirée électorale de ce premier tour de la présidentielle, certains versaient quelques larmes.

C'est ému et amer que Jean-Luc Mélenchon est apparu au pupitre, un peu avant 22h, sous les « ré-sis-tances » de ses fidèles. Il a fustigé les « médiacrates » et les « oligarques » qui « jubilent ». Et a renvoyé dos à dos Macron et Le Pen, « les deux » ne souhaitant pas remettre en cause les institutions de la Ve République, « les deux » menaçant « les acquis sociaux du pays ». Il a ensuite expliqué qu'il n'avait « reçu aucun mandat » pour le second tour, et annoncé qu'il organiserait une grande consultation nationale des 450 000 « insoumis », afin de se prononcer sur un vote barrage contre Marine Le Pen. Puis, au bord des larmes : « Vous tous, les gens, patrie bien aimée, vous êtes un matin tout neuf qui commence à percer. »

Doute

Une heure plus tôt, Manuel Bompard avait semé le doute : « Les résultats qui nous proviennent des grandes villes ne confirment pas les estimations des instituts [de sondage]. Les calculs qui sont les nôtres à partir des projections font état d'un écart d'entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen d'un point seulement. » « Nous ne validons pas le score annoncé sur la base de sondages. Les résultats des grandes villes ne sont pas encore connus. J'appelle à la retenue et les commentateurs à la prudence », avait aussi posté, quelques minutes plus tôt, Jean-Luc Mélenchon sur Facebook.

En tous les cas, son arrivée loin devant le PS de Benoît Hamon, est une incontestable victoire. « C'est la première fois que la gauche radicale, la vraie gauche, est aussi haut, se réjouit Victor, jeune militant et candidat dans la 12e circonscription des Hauts-de-Seine. Ça veut dire que, quoi que fera le prochain Président, il trouvera la France insoumise, qui représente 20 % du corps électoral, sur son chemin. » 

Il est clair en effet que des millions de Français, dont certains avaient repris goût à la politique grâce à la campagne de Jean-Luc Mélenchon, n'ont pas dit leur dernier mot, comme en témoignait, devant le Belushi's, la présence de plusieurs centaines de personnes qui attendaient la sortie du candidat en scandant : « On lâche rien ! On lâche rien ! » La route du prochain locataire de l'Élysée ne sera pas sans embûches.

Objectif : législatives !

La suite, justement, est déjà dans toutes les têtes. Le second tour, d'abord : plusieurs militants expliquent qu'ils pourraient voter blanc. Deuxième étape : les législatives. Djordje Kuzmanovic, porte-parole de la France insoumise, a expliqué ce soir que son « plus grand regret » était le refus de Benoît Hamon de « faire une coalition » avec la France insoumise, ce qui leur aurait coûté la victoire. Il a dit ensuite « espérer, vraiment », qu'un accord national serait possible entre la France insoumise, le PCF, les hamonistes (et les écologistes). Une rencontre sera organisée très rapidement pour tenter d'y parvenir.