À la veille du vote du projet de loi d'habilitation à réformer le code du travail par ordonnances, les députés Insoumis ont dénoncé, place de la République, cette « loi travail 2 » et appelé les militants à poursuivre la mobilisation cet été.

Je vous appelle à une forme d'insurrection morale ! », lance à la foule le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Mercredi soir, le député de Marseille avait donné rendez-vous, place de la République, afin de faire grandir l’opposition au projet loi d’habilitation à réformer le code du travail par ordonnances, autrement appelé « loi travail 2 ». Celui-ci pourrait être adopté ce jeudi, dans la soirée, au palais Bourbon. Depuis lundi, les députés en débattent dans l’hémicycle au rythme lent de l’examen des nombreux amendements déposés, dont 130 présentés par les Insoumis qui ont défendu d’entrée une motion de rejet préalable, sans succès.

Adrien Quatennens, Alexis Corbière, Mathilde Panot… les députés « Insoumis » défilent, un par un, sur une petite estrade pour y prononcer quelques mots entrecoupés des cris spontanés de « résistance ! », lancés les poings levés, des quelques milliers de personnes qui se pressent autour de la statue de la République. « Il y aura un roulement entre ici et l'Assemblée nationale, des députés », explique Charlotte Girard, ex co-responsable du programme de la France insoumise. Alors que le député François Ruffin expose la « démocratie dans l'entreprise », Eric Coquerel, lui, insiste, avec une certaine pugnacité, sur l'inversion des normes et l'importance de la loi pour protéger les salariés. Des syndicalistes sont aussi présents, comme Farid, délégué CGT chez PSA, dont l'intervention porte sur la répression syndicale des militants cégétistes.

La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain s'interroge, indignée : « Pourquoi cette violence brutale des ordonnances ? L'été, c'est le moyen d'empêcher de faire vivre une mobilisation sociale ! » Tracts en main, Hélène, une militante de 46 ans, constate qu'il est en effet « compliqué de mobiliser l'été, même si [elle] remarque que les Insoumis sont un peu plus nombreux que la dernière fois ».

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Pour le député Loïc Prud'homme, il est certes « plus compliqué de mobiliser à cette période, mais qu'on soit le 14 juillet ou le 15 août, peu importe. À la rentrée, il ne va rien rester du Code du travail : 100 ans de luttes sociales disparues », assure-t-il.

« Il faut instruire et informer autour de vous »

« Le travail, c'est un outil au service du commun ! », peut-on lire sur l'une des petites feuilles accrochées entre deux arbres, où les Insoumis sont invités à répondre à la question « pour vous le travail, c'est quoi ? ». C'est le mot d'ordre aujourd'hui : s'adresser, de manière pédagogique, aux partisans, afin de « déclencher une campagne d'été pour expliquer le contenu de la loi travail », martèle Charlotte Girard, dès le début du rassemblement. Pour cause, les députés présents se veulent très « pédagos » : « C'est compliqué à expliquer », reconnaît le leader de la France insoumise, alors qu'« un siècle de lutte est remis en cause ». Le député de Marseille annonce ainsi le lancement d'une campagne nationale, à travers la distribution de tracts et le passage en août d'une caravane dans toute la France : « Il faut instruire et informer autour de vous ! » insiste-t-il. « Il faut avoir un réel discours pédagogique, enseigner, afin de propager cet été les idées autour de nous au maximum », abonde, motivé, Corentin Lètang, étudiant à la Sorbonne.

« Finalement, il y a la CGT, un peu ! », s'exclame, enthousiaste, un sympathisant, à la vue d'un drapeau cégétiste. Car en dépit de l'absence des communistes, à l'exception remarquée d'Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine, aucune centrale ne s’est jointe à ce rassemblement. Le leader de la CGT Philippe Martinez, qui a lancé un appel à manifester le 12 septembre, attend la rentrée pour mobiliser ses troupes.

Une trêve estivale que ne pratique pas la France insoumise qui fait état d'une centaine de manifestations organisées en simultanées dans toute la France : entre 300 et 1000 personnes à Toulouse, 300 à Montpellier, 200 à Lille... Les Insoumis espèrent ainsi, par ces rassemblements, déclencher un été de toutes les insoumissions, face aux ordonnances d'Emmanuel Macron et sa « loi travail 2 ».