USAIN BOLT : IMMENSE ATHLETE

USAIN BOLT : LES LÉGENDES AUSSI ONT UNE FIN

Par Cédric Callier

Publié le 04/08/2017 

Le sprinteur jamaïquain met un terme à sa carrière à l’issue des Mondiaux de Londres. En rêvant d’un ultime titre sur 100 mètres ce samedi soir. Et avec le sentiment d’avoir changé l’athlétisme à jamais.

Usain Bolt. Rarement un sportif aura, sur son seul nom, porté toute sa discipline. Contre vents et marées. Sans lui, l’athlétisme aurait-il survécu aux innombrables scandales de dopage et de corruptions de ces dernières années ? Rien n’est moins sûr. Sauf que toutes les bonnes choses ont une fin. Depuis près de deux ans maintenant, le Jamaïquain sait que sa « légende » connaîtra son point final au stade olympique de Londres. Là même où il a écrit un magnifique chapitre de son histoire en réalisant, en 2012, son second triplé olympique. Alors qu’il n’a pas encore 31 ans, un âge qu’il fêtera le 21 août prochain, n’est-il pas trop jeune pour prendre sa retraite ?

Beaucoup, évidemment, regrettent qu’il décide de ranger les pointes si tôt. Mais Bolt connaît à la perfection son corps. Ses forces, fabuleuses, mythiques. Mais ses faiblesses, aussi, en raison notamment d’une jambe plus courte que l’autre qui lui aura souvent occasionné des douleurs insupportables au dos. Comme toute mécanique de très haute précision, le corps du Jamaïquain a toujours été son unique limite. Révolutionner le sprint mondial du haut de son 1,95 m a engendré un prix à payer, d’autant plus lourd que Bolt n’aura jamais été un forcené de l’entraînement. Sans pour autant être un dilettante, comme sa décontraction permanente et son amour des nuggets de poulet l’ont parfois laissé transparaître. Mais, sans objectif précis, la «Foudre» ne frappait pas. Comme en 2010 et 2014, deux années blanches.

Une rock star qui se voulait rare sur les pistes de tartan

Il n’a jamais non plus noirci son agenda de meetings. Chacune de ses apparitions relevait du coup de l’exceptionnel. Comme une rock star qui se voulait rare sur les pistes de tartan. Avec trois petites sorties cette année et un seul passage sous les 10 secondes - 9”95 le 21 juillet à Monaco -, l’octuple champion olympique a été fidèle à ses temps de passage habituels. Par le passé, aussi, Bolt s’est présenté sur de grands événements sans véritables repères. Comme à Rio il y a un an. Mais, à l’arrivée, le génie a toujours eu gain de cause, ne laissant que des miettes à ses congénères.

Il faut dire que le sprinter ne manque pas d’assurance. De celle qu’il confiait à son arrivée à Londres il y a quelques jours : «Si je suis ici, c’est que je suis pleinement confiant, à 100 %, et mon coach aussi. Je suis prêt à y aller, j’attends avec impatience ce moment. J’imagine déjà les unes des journaux : “Usain Bolt a fini invaincu dans une grande compétition, il a été inarrêtable”. »

Un charisme sans équivalent. Il n’y a qu’à Mohamed Ali à qui on peut le comparer.

Sebastian Coe

Un champion hors normes sur la piste, mais aussi en dehors. Bolt a su élever l’athlétisme au rang de show, et non pas uniquement de sport. «C’est un génie. Il a un charisme sans équivalent dans l’histoire de notre sport et dans le sport en général, a ainsi jugé le président de la Fédération internationale, Sebastian Coe, invité en début de semaine à s’exprimer sur le départ de sa tête de gondole. Il n’y a qu’à Mohamed Ali à qui on peut le comparer. Je les place tous les deux dans la même catégorie. Ce n’est pas uniquement grâce à ses exploits et à ses records qu’il a atteint ce niveau de notoriété à l’échelle mondiale, mais aussi grâce à sa personnalité. » Une «légende», comme lui-même aime s’autoproclamer, dont les dernières pages s’écriront à Londres, avec la perspective d’un ultime doublé 100 m-4 × 100 m qui porterait à 13 son record de titres mondiaux. Un record appelé à durer très longtemps, sans aucun doute.