La garde civile a arrêté ce mercredi 21 septembre 13 hauts responsables de l’exécutif catalan pour tenter d’empêcher le référendum sur l’indépendance prévu le 1er octobre. Amenant des milliers de personnes à descendre dans les rues de Barcelone

 

Nous voterons ! Les forces d’occupation dehors ! » C’est ce que criaient des milliers de Catalans, qui se sont rassemblés, mercredi 21 septembre, dans les rues de Barcelone, en particulier aux abords du département des affaires économiques de la Generalitat (l’exécutif catalan), dont le numéro deux, Josep Maria Jove, a été interpellé tôt ce matin. Secrétaire général de la vice-présidence et adjoint d’Oriol Junqueras, le conseiller à l’économie et aux finances du gouvernement autonome, il fait partie des treize hauts responsables arrêtés par la garde civile, qui a également mené 22 perquisitions. Des millions de bulletins de vote, déjà imprimés pour le référendum d’autodétermination fixé au 1er octobre prochain, ont été saisis, alors que Madrid s’était déjà félicité la veille d’avoir mis la main sur 45 000 convocations pour les assesseurs des bureaux de vote, « ce qui représenteraient 80 % des convocations nécessaires » au déroulement du scrutin, selon un communiqué de la Garde civile.

La tension est donc encore montée d’un cran entre Madrid et la Generalitat, dont le président, Carles Puigdemont, a qualifié le gouvernement espagnol de « totalitaire », l'accusant de « violer les droits fondamentaux » des Catalans en ayant « suspendu de facto l’autonomie de la Catalogne et appliqué de facto un état d’urgence ». Cet usage de la force a visiblement renforcé le camp séparatiste, parfois divisé, puisque des milliers d’indépendantistes de tous bords ont envahi les rues de la capitale catalane et des principales villes de Catalogne.

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Les dirigeants des différents mouvements catalans appellent à « résister pacifiquement », à l’instar de Jordi Sanchez, président de l’Assemblée nationale catalane (ANC), émanation de la société civile, qui a tweeté : « Ils ont commis une grave erreur, nous voulions voter et ils ont déclaré la guerre ». L’emploi de la garde civile, force de police très active sous le franquisme, ne peut que rappeler aux Catalans les heures les plus sombres de leur histoire au siècle dernier. Ainsi, toute la journée, entre deux slogans, les manifestants n’ont cessé d’entonner, outre l’hymne catalan, le chant antifranquiste « L’Estaca ».

Même le Barça, le club de foot de Barcelone, emblème de l’identité catalane, s’est engagé par un communiqué où il « manifeste son soutien à toutes les personnes, structures et institutions qui travaillent pour garantir la défense du pays, de la démocratie, de la liberté d’expression et du droit à décider », soulignant sa volonté de respecter « la volonté de la majorité du peuple de Catalogne ».

Madrid vient peut-être de commettre une erreur de stratégie en employant la méthode forte, ce qui pourrait convaincre bon nombre d’indécis de franchir le pas en faveur de l’indépendance. Si le résultat était encore incertain jusqu’ici, il ressortait d’un récent sondage que plus de 70 % des Catalans souhaitaient néanmoins pouvoir s’exprimer lors d’un référendum d’autodétermination en bonne et due forme.