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Kenji Goto, « une voix humaniste

au cœur des atrocités »,

assassiné par les djihadistes

Chaque parcours est singulier, et l’exécution d’un otage est toujours un acte abominable. Mais Kenji Goto, le journaliste japonais dont les djihadistes de l’Etat islamique autoproclamé ont annoncé la mort par décapitation, frappe par sa personnalité hors du commun qui fait l’unanimité.

A 47 ans, Kenji Goto, comme l’écrit très bien Henry Tricks, sur le blog du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), « n’est pas un journaliste typique, ni un Japonais typique »... L’auteur ajoute :

« Son courage et son dévouement à rapporter des histoires humaines des pires zones de conflit le placeraient au sommet de sa profession n’importe où dans le monde. C’est ce courage qui l’a amené en Syrie l’an dernier où il a été pris en otage. »

Henry Tricks a connu Kenji Goto en 2010 à Tokyo, et raconte que la douceur de ce père de trois enfants contrastait avec les théâtres de guerre où il se rendait régulièrement.

« Mais il “couvrait” les guerres avec une différence. Il ne s’intéressait pas à qui gagne et qui perd, mais racontait les histoires de gens ordinaires, surtout les enfants, qui sont forcés de subir les conflits et toutes les horreurs qui les accompagnent. C’est leur résilience qui l’inspirait. »

Kenji Goto, pendant un séminaire avec des journalistes syriens, le 30 avril 2014 à Alep (BARAA AL-HALABI/AFP)

Kenji Goto avait fondé en 1996 une agence de presse indépendante, et s’était rendu dans plusieurs régions en guerre, Tchétchénie, Kosovo, Sierra Leone, Liberia, Afghanistan, Irak, Syrie... En tant qu’indépendant, il finançait lui-même ses voyages, et avait réussi à vendre plusieurs documentaires aux chaîne de télévision japonaises NHK ou Asahi, plus réticentes à envoyer des équipes de tournage dans ces pays.

« Il insistait sur le fait qu’il était lui-même responsable de sa propre sécurité et personne d’autre ne devait être blâmé s’il devait lui arriver quelque chose. Il l’avait répété dans une vidéo enregistrée le 25 octobre, juste avant sa disparition, réaffirmant qu’il assumait l’entière responsabilité de ses actes. »

Les journalistes japonais se souviennent d’un homme qui, par ses reportages centrés sur l’humain, et en particulier sur les enfants, avait fait entrer ces réalités de la guerre dans les foyers japonais qui s’en considèrent très éloignés et avait même suscité des vocations d’action humanitaire parmi les jeunes Japonais.

« Une voix humaniste au cœur des atrocités », concluait Henry Tricks dans un article écrit avant l’annonce de sa mort. « Il doit être libéré », écrivait-il. Ses tortionnaires en ont décidé autrement.

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