Sétif le 8 mai 1945
La série des massacres avait débuté bien avant le 08 mai 1945 à travers la ville de Sétif
et certaines régions environnantes. Des soldats armés faisaient le porte-à-porte et
obligeaient hommes, femmes et enfants à sortir pour monter dans des camions.
Une panique générale et des cris des femmes et d’enfants s’intensifièrent dans
certains quartiers, notamment du côté de la Gare et Bab Beskra. Quelques rafales,
se faisaient entendre dans les quatre coins de la ville. Ceux qui essayaient de fuir
ou de riposter se faisaient abattre sur le champ. A ce moment, une voix s’élevait
tout au long de la rue de Constantine. Un jeune homme, brandissant le drapeau
algérien, criait à tue-tête «Tahia El-Djazaïr, Tahia El-Djazaïr». Ce jeune moudjahid
de la première heure n’était autre que le premier chahid du 08 Mai 1945:
Saâl Bouzid, c’est son nom, il fut abattu de plusieurs rafales, en plein milieu
de la mystique avenue. Il mourut avec tous les manifestants, en s’affaissant sur
l’emblème national.
Dès lors, des camions de type GMC continuaient à charger toute personne qui
se trouvait sur leur passage. Le convoi prenait la direction de Kherrata. Les habitants
de cette autre ville historique n’allaient pas échapper à l’embarquement qui les
menait avec leurs autres concitoyens de Sétif, vers le camion de la mort. Les milliers
d’Algériens furent déchargés depuis les bennes des camions au fond des gorges de
Kherrata. L’horreur n’était pas terminée pour ces pauvres «bougnouls» comme
aimaient les surnommer les colons français. Des hélicoptères dénommés «Bananes»
survolaient les lieux du massacre pour achever les blessés. Une véritable boucherie
humaine allait permettre, plus tard, aux oiseaux charognards d’investir les lieux.
L’armée française avait planifié pour faire de cette journée du 8 mai 45, un jour
de génocide voire d’extermination de milliers d’Algériens. Pour mettre à exécution
leur dessein les soldats français avaient procédé au regroupement de toutes les
populations avoisinant les côtes-est de Béjaïa à Bordj Mira en passant par Darguina,
Souk El-Tenine et Aokas. Toutes les populations de ces régions étaient forcées de
se regrouper sur les plages de Melbou. L’occupant n’avait en tête que la liquidation
physique de tout ce beau monde. Il fallait attendre l’ordre d’exécution qui devait
parvenir du commandement de Constantine. Pendant ce temps quelques vieillards et
malades ne purent résister à une telle mobilisation et succombèrent sur le sable
avant d’être jetés à la mer. C’est alors qu’une jeep transportant des officiers de
l’armée surgit, brusquement, au milieu de la foule. L’un d’eux s’emparant d’un
haut-parleur devait ordonner l’extermination. Des cris et pleurs de femmes et
d’enfants déchirèrent alors ce silence plein d’angoisse. Mais l’officier français allait,
contre toute attente, «soulager» cette foule humaine qui attendait de passer par
les armes. Du haut des sièges de la jeep, il lança : «le commandement militaire de
Constantine a décidé de vous épargner. Pour cette fois-ci, vous pouvez donc partir».
La foule se déchaîna et courut dans tous les sens. Elle venait d’échapper à une
extermination certaine. Le peuple algérien se souviendra longtemps de ce mardi
8 mai 1945, jour de marché. Un habitant et moudjahid qui avait échappé au génocide
perpétré dans les gorges de Kherrata, en faisant le mort, se souvient parfaitement:
«je ne pensais pas à la vie puisque je me savais déjà mort. Un tel génocide
n’est pas fait pour être oublié. Il m’est pénible de voir que de nos jours les gens
n’en parlent que rarement pour ne pas dire jamais».
source: rebellyon.infos
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