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Alternatives & Révolutions
8 octobre 2012

René VAUTIER "Avoir vingt ans dans les Aurès"

 
 
 
 
                   
 
 
 
 
          René VAUTIER
 
"Avoir vingt ans dans les Aurès"
 
  sort en numérique!
 
 
 
Quarante ans après sa sortie, "Avoir vingt ans dans les Aurès", film de René Vautier primé à Cannes en 1972, ressort en version numérique le 3 octobre. Il sera projeté en avant-première au Théâtre national de Bretagne ce lundi, en présence du cinéaste breton, père du cinéma militant.

Le Mensuel : Il a été très difficile d’obtenir les copies de Avoir vingt ans dans les Aurès. Que représente pour vous la diffusion en version numérique, quarante ans après sa première sortie ?

René Vautier : C’était une promesse que je m’étais faite. Je voulais absolument obtenir la diffusion autorisée de ce film, qui m’avait valu à la fois des ennuis et une sorte de gloire. Il avait été récompensé au Festival de Cannes, sans avoir obtenu de visa d’exploitation. A l’époque, j’étais vu comme un indésirable. Maintenant, je me retrouve à présenter le film ici, à Rennes. On a tenu, ma fille et moi, ainsi que les gens qui diffusent le film, à ce que la première ait lieu dans ma région d’origine, en Bretagne*.

Il a fallu se battre pour avoir les copies. Le film avait été tourné dans des conditions très difficiles, les images n’étaient pas aussi bonnes qu’on le souhaitait, des copies avaient été saisies ; on essayait de m’empêcher de m’exprimer. Avec ce travail, je retrouve mon film complètement rajeuni. Il respecte entièrement ce que je disais il y a plusieurs dizaines d’années, mais il le dit sous une autre forme, ce qui m’a surpris. C’est une image différente, avec des couleurs de très grande qualité.

Le contexte politique a énormément changé et laisse plus de libertés aux cinéastes. Quel est votre sentiment avant la première projection de cette nouvelle version, à Rennes ? Est-ce un aboutissement ?

Inutile de dire l’effet que ça fait de voir quelque chose comme ça… Cela a été une sorte d’éblouissement. Je dois ça à ma fille, que je ne remercierai jamais assez. C’est agréable, quand on est vieux, de voir sous une forme nouvelle ce qu’on a pu faire avec beaucoup de difficultés, ce qui a été combattu, interdit.

La législation cinématographique change et j’espère avoir contribué à ce changement par soixante ans de lutte pour que le film puisse circuler librement. Il y a eu une lutte incessante en France pour qu’on puisse s’exprimer par l’image. Avant, il y avait des commissions de censure. Aujourd’hui, c’est dépassé. On a gagné en faisant des films illégaux qui ont fait sauter ces lois. Je suis très content, parce que j’ai l’impression d’avoir contribué à ça. Sur le plan de la liberté d’expression, au bout d’un peu plus de soixante ans, j’ai l’impression d’avoir gagné.

Comment imaginez-vous la réception du film ce soir ?

Le film est encore d’actualité. Aujourd’hui, on peut demander à des gens qu’on met sous l’uniforme d’aller défendre des causes très différentes de celles pour lesquelles ils se sont engagés. Je crois que le cinéma montre la nécessité de respecter ceux qui essaient d’exprimer leur avis, même par rapport au pouvoir. Il faut respecter le droit d’être contre, en images. Je laisse les gens d’opinion décider si ça en vaut la peine. Moi, je le crois.

*Avoir vingt ans dans les Aurès, filmé en 1961 en Algérie, met en scène un groupe de Bretons pacifistes et réfractaires à la guerre, happés par l’escalade de violence, et dont un des membres, toujours insoumis, déserte avec son prisonnier.

Avant-première ce lundi à 20 h au Ciné-TNB, salle Louis-Jouvet. Rencontre avec le réalisateur à l'issue de la projection.

 

 

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