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Alternatives & Révolutions
26 mars 2013

Un article de Bruno Roger-Petit qui décrypte la

 

Un article de Bruno Roger-Petit qui décrypte la "stratégie de Mélenchon"

 

Les chiens de garde n'aiment pas du tout qu'on les dérange...

                                                 

                                                                                                   jcs

 

 



Mélenchon et les "médias prout prout" :
une stratégie de destruction des journalistes ?

 

 

Modifié le 26-03-2013 à 12h54

 

LE PLUS. Dans la matinale de Patrick Cohen sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon s'est une fois de plus attaqué aux médias français, tyranniques et trop propres. Que cherche le leader du Front de gauche ? Décryptage de sa stratégie de déstabilisation des journalistes avec Bruno Roger-Petit.

 

Jean-Luc Mélenchon en meeting à Bordeaux le 24 mars 2013 (SIPA)

Jean-Luc Mélenchon en meeting à Bordeaux le 24 mars 2013 (SIPA)


Les formules "médias prout-prout" et "journalistes curés" resteront. Mais au-delà des formules, les propos de Jean-Luc Mélenchon, tenus sur France Inter, relatifs à la conception de la relation de sa personne, son parti et ses amis au monde des presses (numérique, audiovisuel et papier, par ordre contemporain d'influence) méritent d'être décryptés.

 

 

Jean-Luc Mélenchon VS Patrick Cohen par puremedias

 

Comment Mélenchon manipule les médias

 

Jean-Luc Mélenchon joue cartes sur tables. Parce qu'il a saisi le fonctionnement de la machine médiatique, il en joue, la manipule, la plie à sa volonté. Mieux encore, il s'offre le luxe de piéger les journalistes en jouant parfaitement leur propre jeu. Et mieux encore, il déconstruit la machine comme jamais personne auparavant n'avait osé le faire, hormis François Mitterrand, mais dans un registre plus dague et poison.

 

Donc, sur France Inter, face à l'excellent Patrick Cohen, passées les polémiques du week-end, Jean-Luc Mélenchon s'est posé en deux ex machina : "Tout ça me fait rire parce qu’une fois encore, je vous ai bien roulés dans la farine." Puis, il a expliqué pourquoi, en quatre temps :

 

Premier temps : la machine médiatique répercute le dysfonctionnement, le clivage, la provocation, le dérèglement, "le bruit et la fureur" comme le disait autrefois Jean-Luc Mélenchon en parlant de lui. N'est entendu que celui qui produit le phénomène, il est donc impérieux d'en produire :

 

“Le système médiatique ne s’intéresse qu’à ce qui dysfonctionne.”(...)

 

Jean-Luc Mélenchon ne renie pas Simone de Beauvoir qui disait que les mots sont aussi des balles, mais il change de calibre :

 

“Nous utilisons des ’mots obus’ pour que le système médiatique nous laisse un espace de parole.”

 

Second temps : comme d'autres avant lui (de Bernard Tapie à Jean-Marie Le Pen, en passant par Georges Marchais et Nicolas Sarkozy, liste exemplaire mais non limitative), Jean-Luc Mélenchon n'entend pas utiliser cette maîtrise du dysfonctionnement, le "buzz" contemporain, à des seules fins de satisfaction politiques immédiates.

 

“Le système médiatique n’est pas un miroir, c’est une arène”.

 

C'est un travail de longue haleine, millénariste, destiné à innerver le corpus collectif :

 

"Nous utilisons ce travers pour produire de la conscience", ajoute-t-il.

 

La "conscience" : voilà le mot clé. Il s'agit de poser la machine médiatique en ennemie du genre humain, en incarnation d'un système oppression, dans le but de provoquer la révolte contre l'ordre économique et social qui construit cette machine. Pour y parvenir, Mélenchon entend utiliser la contradiction fondamentale de la machine médiatique.

 

Troisième temps : la machine génère des "buzzs", mettant elle-même les dysfonctionnements en évidence, parce qu'elle en a besoin pour fonctionner, générer de l'intérêt, obtenir de l'audience :

 

“Quand on agite un chiffon rouge, vous rappliquez. Vous êtes des amuseurs.”

 

Mais elle s'efforce, dans le même élan, dans le but de contrôler la conscience du corpus collectif, de maîtriser ce qu'elle même met en avant. “Le système médiatique cherche à normaliser, à revenir dans la norme", dit Jean-Luc Mélenchon, pour qui cette fonction est dévolue à ceux qu'il appelle : "la caste des curés médiatiques qui disent comment il faut penser...” De son point de vue, là est la contradiction de la machine médiatique, son entropie, donc sa faiblesse, et c'est cet élément qu'il faut exploiter.

 

Quatrième temps : Jean-Luc Mélenchon n'étale pas sa stratégie médiatique au grand jour par simple goût de la provocation. Au contraire, tout cela est conforme à son objectif. Démonter la machine, expliquer son fonctionnement, comment elle manipule la conscience, quelle est sa contradiction, comment exploiter sa faiblesse, tout cela fait partie de la stratégie Mélenchon.

 

Il s'agit de déconstruire le "4e pouvoir", non plus considéré comme un ami de la démocratie, mais comme un ennemi de classe. Les marxistes du Parti de gauche diraient : "La machine médiatique est une superstructure du capitalisme porteuse de sa propre contradiction."

 

Perturber la machine médiatique

 

De ce point de vue, par exemple, et les mélenchonistes ne s'en cachent pas, internet et ses réseaux sociaux sont pour eux l'un des moyens essentiels de perturber la machine médiatique, d'en exploiter les faiblesses. Sur le site Ragemag, on peut lire ce qu'en dit Clément Sénéchal (ancien journaliste à Médiapart, tiens, tiens...) qui fut longtemps "Jean-Luc Mélenchon" sur Twitter et qui, lui aussi, estime que la parole médiatique globale est une parole mise au service du capitalisme dominant.

 

"Cette inscription idéologique est bien souvent le fait non pas des journalistes de terrain, mais des éditorialistes organiques (forme vulgaire et dégénérée des intellectuels organiques) produits par les positions hégémoniques prises par la classe dominante dans les médias traditionnels, dont le rôle est de maintenir une forme de consentement global vis-à-vis du cadre établi (l’indifférence en est une variété) et de maintenir des bornes fallacieuses au débat public afin de contrôler au mieux les conséquences éventuelles d’une perturbation démocratique."

 

Et Clément Sénéchal de tirer la conséquence politique pratique de ce qu'il avance, notamment en expliquant que le "tweetclash", en ce qu'il permet l'affrontement d'une "parole installée" et celle de citoyens ordinaires, participe de la déconstruction de la machine médiatique en révélant la vérité de ceux qui la font fonctionner :

 

"Quand on sait ce que tweete Jean Quatremer [le journaliste de 'Libération' en charge des questions européennes : NDLR] quels sont ses adversaires sur Twitter et comment il se positionne lorsque l’on fait mine de faire émerger des antagonisme réels, on ne lit plus ses analyses europhiles, régulièrement mises en valeur par 'Libération', de la même manière. Le tweetclash, plus qu’un obscur réflexe narcissique, est une mise en lumière politique."

 

Est-ce bien raisonnable ?

 

On sait que de nombreux journalistes politiques se gausseront de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon et de ceux qui le suivent, s'estimant plus fort qu'eux et considérant qu'il sera facile d'en faire un "Le Pen de gauche" afin d'en limiter l'impact. L'auteur de ces lignes en connaît. Plein.

 

Mais contrairement à beaucoup d'entre eux, Jean-Luc Mélenchon et ses suiveurs ont lu Gramcsi. Ils savent qu'imposer sa vision du monde oblige à répéter son message en usant de tous les moyens de communication à sa disposition par la mise en cause critique de tous les porte paroles du système que l'on entend déconstruire.

 

Du reste, les cibles de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis sont clairement nommés par Clément Sénéchal :

 

"Qui ? Laurent Joffrin, FOG, Jean-Michel Aphatie, Christophe Barbier, Jean Quatremer, Dominique Reynié, j’en passe et des meilleurs. Ces relais d’influence de l’hégémonie néolibérale (dont le social-libéralisme est une nuance baroque)."

 

En clair, derrière la déconstruction de la machine médiatique se dissimule une volonté de destruction des journalistes. Compte tenu de l'état de la France, des tensions qui apparaissent entre Français, est-ce bien raisonnable ?

 

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