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Alternatives & Révolutions
24 janvier 2014

(Mercredi 22 janvier 2014) MAMÈRE : PENDANT QU’ON

(Mercredi 22 janvier 2014)

 

 

Un vaudeville peut en cacher un autre. La belle éconduite n’est pas toujours celle que l’on croit. Ainsi, le 14 janvier dernier, François Hollande nous a-t-il annoncé brutalement qu’il venait de congédier la gauche du Bourget, celle dont l’adversaire était la finance, celle qui allait faire reculer les patrons voyous, celle qui s’habillait en rose-rouge-vert.

 

Il a évincé, sine die, cette gauche belle et rebelle, au profit d’une nouvelle conquête, venue du centre mou et bénie par les parrains du Medef. Sous ses habits neufs, aux allures « modernes », elle sent pourtant la naphtaline.

 

Car, à bien y regarder, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de l’Elysée : depuis plusieurs années, le Saint-Simonisme du socialisme de production avait été revu et corrigé par DSK en socialisme de l’offre.

 

A cette gauche là, il vient d’offrir une nouvelle anaphore :

 

Moi, Président, je ferai le contraire de ce que j’ai annoncé dans ma campagne présidentielle ;

moi, Président, au lieu de combattre la finance, je favoriserai le capital contre le travail ;

moi, Président, je mettrai l’écologie au rancart et la Sécu au placard ;

moi, Président, je deviendrai le président des patrons, en mettant en place la politique que le Medef avait rêvé sans que jamais la droite ne puisse l’imposer.

 

Hollande appuie sur le champignon

 

Il a ainsi refermé le piège tendu depuis deux ans à sa gauche et à sa droite. A gauche, nous sommes sommés de nous soumettre ou de nous démettre, puisqu’il demande à sa majorité de voter la confiance.

 

A droite, c’est la confusion pour cause de pillage éhonté de son programme ; l’UMP ne sait plus à quel saint se vouer et les centristes sont prêts à succomber au magicien de Tulle. Bien joué, l’artiste !

 

Le débat sémantique pipé autour de la nature du Président (socialiste, social-démocrate, social-libéral) n’a que peu d’intérêt. Cette fois, François Hollande, qui n’a nullement opéré de tournant depuis mai 2012, appuie sur le champignon pour mettre dans le vent tous ses adversaires.

 

Persuadé que la baisse du coût de travail nous rendra la croissance, il impose un train d’enfer en brûlant ses vaisseaux. Cette vision strictement économique et productiviste ne peut que déboucher sur un désastre. Les comités « Théodule » annoncés en rafale (observatoire des contreparties, Conseil stratégique de la dépense publique, etc.) ne sont que le cache-sexe d’une politique qui, cette fois, s’attaque à l’os : la protection sociale et les services publics.

 

Car, comment croire qu’il y aura la moindre contrepartie de la part d’un patronat qui n’a ni la culture de cogestion allemande, ni des interlocuteurs sociaux de poids, étant donné la faiblesse du mouvement syndical dans notre pays ?

 

Comment croire que Gattaz fils respectera plus sa promesse en 2014 que Gattaz père qui avait lancé le chiffre de 450.000 emplois en 1983 pour obtenir la suppression de l’autorisation administrative des licenciements ?

Le supplément d’âme des écologistes

 

Plus profondément, en oubliant l’écologie, François Hollande s’interdit de créer des emplois non délocalisables et durables. Si sa politique réussit, le saut dans la grande précarité de centaines de milliers de nouveaux pauvres est assuré, comme en Angleterre ou en Allemagne. Si elle échoue, le chômage de masse continuera à un rythme de plus en plus élevé.

 

Et ce n’est pas l’annonce d’une sorte « d’Airbus de la transition énergétique » qui nous rassure. La France et l’Allemagne ont des trajectoires totalement opposées en matière d’énergie : François Hollande ne veut pas de compromis sur l’énergie nucléaire alors que notre voisin d’outre-Rhin a entamé sa sortie depuis plusieurs années.

 

L’écologie n’est décidément pas dans la culture politique du président de la République, au fond très technocratique, issu de l’ENA des années 70 et du mitterrandisme. Les écologistes lui apportent un supplément d’âme, éventuellement une posture utilisable parfois, mais ils n’influent pas sur les grands choix décidés par le cercle restreint des « hollandais historiques », de la promotion Voltaire et quelques conseillers élyséens.

 

Ces choix sont contradictoires avec la transformation écologique et sociale dont le pays a besoin. Par Noël Mamère / La suite sur Rue89

 

 

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