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Régionales 2015. Derrière les feux de la rampe, les vrais défis

Provence-Alpes-Côte d’Azur. Droite et FN se concurrencent. A gauche, la configuration est inédite avec un rassemblement EELV-FdG. Le candidat du PS s’appuie sur le bilan de Michel Vauzelle.

Un tournant. Même si Provence-Alpes-Côte d’Azur n’a pas changé de physionomie a contrario de sa voisine de Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, cette région est aussi à un tournant de son histoire politique. Après trois mandats et 18 ans de présidence, Michel Vauzelle (PS) n’est pas candidat. A 70 ans, il a décidé de se consacrer à son mandat de Député.

Ce retrait surprise a rebattu les cartes à gauche. Mais l’absence d’un élu qui avait su présider depuis 1998 une majorité plurielle réunissant socialistes, communistes et écologistes, n’explique pas tout. Car si les enjeux régionaux sont majeurs dans cette élection, le contexte national et plus précisé- ment l’orientation sociale-libérale du gouvernement socialiste pèsent lourdement dans la balance.

La nouveauté de ce scrutin se trouve dans la construction d’une alternative à gauche avec une liste inédite rassemblant écologistes et Front de gauche avec deux têtes de liste pour l’incarner, Sophie Camard(EELV) et Jean-Marc Coppola (PCF). Une configuration inédite qui annonce peut-être un mouvement plus profond de recomposition de la gauche au-delà du scrutin de décembre, le dernier avant les Présidentielles de 2017.

Dès le mois de mai, avant même qu’un accord soit scellé avec les écologistes, Jean-Marc Coppoladonnait déjà le ton de la campagne : « Nous voulons parler avec tous ceux qui veulent d’une gauche anti-austérité et anti-libérale », assurant qu’il existe en Paca « une très grande attente pour empêcher le retour de la droite et du FN avec une gauche qui se bat pour plus d’égalité et pour faire vivre les valeurs de la République ». Des propos que n’auraient pas reniés Michel Vauzelle. Car il est certain que les trois mandatures ont été marquées par des avancées importantes notamment en termes de transports publics (les TER) et en direction de la jeunesse, la moitié du budget de la Région. Porteuses aussi d’une conception humaniste et méditerranéenne des territoires qui composent Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Les choix austéritaires du gouvernement, qui mettent à contribution les collectivités, ne choquent pas outre mesure le candidat du PS, Christophe Castaner, Député-Maire de Forcalquier qui a été un des rapporteurs de la loi Macron. Il assume d’ailleurs « l’encadrement de la dépense publique » qui selon lui permet de lutter efficacement « contre les inégalités ». Peu soutenu par l’appareil socialiste dans les Bouches-du- Rhône, un département pourtant décisif dans ce scrutin, le jeune candidat défend avec conviction le bilan de la Région et s’inscrit dans la continuité. Il entend, par exemple, booster le « pass-santé » destiné aux jeunes lycéens et apprentis en proposant une carte « ZOU santé » élargissant l’accès gratuit aux soins. Des mesures que la droite ne mènera pas et annulera, assure-t-il, puisque le candidat Les Républicains, Christian Estrosi, Député-Maire de Nice, « entend réduire fortement les dépenses de fonctionnement » s’il est élu. Or « nombre de politiques menées par la Région sont volontaristes et financées sur le budget de fonctionnement », souligne Christophe Castaner.

Christian Estrosi, à la tête d’une alliance LR-UDI, incarne à la fois la droite libérale dans ses choix économiques et dure dans ses options sécuritaires et xénophobes. De fait, il apparaît comme la pâle copie de son extrême, le Front national. Une concurrence attisée par la succession incessante de sondages qui prédisent telle la Pythie de l’antiquité la victoire soit de l’un, soit de l’autre, comme si les jeux étaient faits.

La candidate FN Marion Maréchal-Le Pen n’a pas à se plaindre de ce traitement. La députée du Vaucluse a pris soin de gommer de son matériel de campagne toute référence au FN. Mais le contenu reste le même : « ni droite ni gauche ». En cela elle est l’héritière du fascisme français. Elle accuse entre autres « le PS, les ex-UMP et leurs alliés » d’avoir « renoncé à défendre notre identité face à l’immigration massive et à la menace islamiste ». Le Pen demeure, depuis deux décennies, une menace pour l’avenir de cette région en particulier et pour la démocratie en général.

Françoise Verna (La Marseillaise, le 26 octobre 2015)

Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées : une nouvelle région et un double enjeu

L'enjeu est double dans cette nouvelle région qui réunira au 1er janvier Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Comme partout la liste PS/PRG conduite par l’ex-Secrétaire d'État Carole Delga ne devrait pas échapper à la sanction d'électeurs qui se sentent trahis. Comme partout le FN, représenté par Louis Aliot, en profitera. Tous les sondages le font virer en tête au premier tour. Mais l'enjeu local est sans doute plus important ici.

Car pour beaucoup d'habitants du Languedoc-Roussillon la fusion est vécue comme une disparition. Certains candidats s'engouffrent dans cette concurrence entre territoires née de la réforme. Le Maire de Montpellier Philippe Saurel dit se présenter pour défendre sa ville. Le FN devrait aussi profiter de cette guerre entre territoires.

Quant à la droite empêtrée dans ses divisions, conduite par un politologue parisien, considéré par les caciques comme un parachuté, elle ne bénéficie pas des retombées qu'elle pourrait attendre de la situation. L'inconnue réside dans le score que pourrait atteindre la liste conduite par l'écologiste Gérard Onesta qui réunit EELV, Front de gauche, Parti occitan et Nouvelle gauche socialiste. Sa démarche inédite de plate-forme interactive a séduit mais elle est aujourd'hui concurrencée par trois autres listes à gauche du PS elles aussi. A elles quatre, elles pourraient faire autant que Carole Delga…

La Marseillaise, le 26 octobre 2015