C’était en fin d’été, au bord de l’Atlantique, dans une petite salle rochelaise. Christian Paul, chef de file de l’aile gauche socialiste appelait les siens à «un nouveau parti et un parti d’un type nouveau après 2017». «Je ne crois pas possibles, plus possibles les tentatives de rénovation "intra-muros" du Parti socialiste. […] Les partis de la gauche française devront trouver le courage de faire tomber les murs», lançait alors le député de la Nièvre. Dans un ouvrage (1) à paraître cette semaine à la Fondation Jean-Jaurès, Christian Paul donne de nouveaux indices sur cette «prochaine gauche» qu’il imagine après l’élection présidentielle : «Il faudra tourner la page du PS dans sa forme actuelle.»

«Après 2017, certains tenteront une OPA sur le nom, la marque, l’héritage, écrit l’ex-secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer de Lionel Jospin.Nous résisterons, sans faire du maintien d’un appareil un but en soi, mais pour avancer et changer en bon ordre». Compte-t-il quitter le Parti socialiste et proposer aux écologistes et aux communistes de fonder un «nouveau parti» ? Pas vraiment… Paul joue avec les mots : «Avant que naisse un nouveau parti capable de porter toujours en avant l’espérance de la gauche française, il faut sortir. Sortir sans partir. Sortir des murs d’un parti qui a été lâché, abandonné par ceux qui ont exercé le pouvoir, sans lui et loin de lui, et qui rêvent ouvertement de sa liquidation. Sortir pour ne pas trahir.»

«Rassemblement créatif»

Dans ce petit ouvrage d’une centaine de pages, où l’alternance de 2012 est qualifiée de «fictive» ou de «gâchis historique», et dans lequel le député avance quelques propositions que l’on devrait retrouver bientôt chez Arnaud Montebourg («nouvel âge démocratique»«nouveau modèle de développement durable»«projet de société pour l’avenir du travail»…), Paul imagine les différentes «îles» de la gauche former demain un «archipel»«Ce nouvel ordre démocratique, sans appeler à la disparition immédiate des partis actuels, réclame d’eux une profonde mutation».

L’ex-soutien de Martine Aubry se refuse à parler de «recomposition»mais préfère le terme de «coalition». Nom de code : «Démocratie». Avec qui ? Paul imagine les socialistes opposés à la ligne Hollande-Valls, les écologistes et les communistes. Dans ce PS en «mutation», il propose«un événement au grand jour [pour] marquer solennellement un moment de rassemblement créatif après l’élection présidentielle, quel que soit son résultat». Mais sans dire ce que deviendraient les actuels soutiens du président de la République et du Premier ministre.

(1) Les îles et l’archipel - Pourquoi la gauche revivra