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Alternatives & Révolutions
18 juillet 2017

Henri Malberg, une vie dans le Parti - par Roger Martelli -

Regards 

 

Roger Martelli

 

Henri Malberg, une vie dans le Parti

 

Henri Malberg, qui vient de décéder à l’âge de quatre-vingt-sept ans, dirigea Regards, de 1995 à 2000, quand la direction du PCF décida de relancer le vieux titre né en 1932 et disparu en 1962. Roger Martelli lui rend hommage.

Il était né dans une famille de juifs polonais, immigrés dans la France de l’entre-deux-guerres. À partir de juillet 1942, ils vécurent l’épreuve de la clandestinité et de l’arrestation, échappant de peu au départ tragique vers les camps de la mort. Dès la Libération de Paris, le jeune Henri – il a alors quatorze ans – adhère à la Jeunesse communiste et, devenu en 1948 ouvrier métallurgiste, entame ainsi une vie de fidélité indéfectible au "parti de la classe ouvrière". Il est permanent à vingt-deux ans, en 1952, et il le restera jusqu’au bout.

Un optimisme jamais démenti

Engagé et réfléchi, il gravit peu à peu tous les échelons et devient même, en 1961, l’un des plus proches collaborateurs du secrétaire général de l’époque, Waldeck Rochet. Il est surtout un militant parisien passionné. Responsable aux intellectuels de la fédération de Paris, il dirige de 1968 à 1972 l’organisation communiste du 5e arrondissement.

En 1972, il entre au "parlement" du Parti, le Comité central, où il s’occupe de propagande, sous la responsabilité de René Piquet. Son agilité intellectuelle et sa pratique du monde des universitaires le propulsent en 1976 à la tête de l’hebdomadaire du PCF de l’époque, France nouvelle, où il remplace Francette Lazard. Henri Malberg vit alors, successivement, la phase d’ouverture de "l’eurocommunisme" (1975-1977) et la crise qui suit la rupture de "l’union de la gauche" après 1977.

Son ancrage parisien – il est conseiller municipal de Paris depuis 1965 – le met au cœur du maelstrom de "l’affaire Fiszbin", qui oppose de façon violente la direction fédérale parisienne dirigée alors par Henri Fiszbin – par ailleurs cousin germain d’Henri – et la direction nationale amenée par Georges Marchais. Fiszbin évincé, Malberg devient le numéro un de la fédération, dans un moment de raidissement politique. Il l’assume, sans broncher, pensant en atténuer les effets dévastateurs, par un optimisme étonnant, qui ne se démentira pas tout au long d’une vie marquée pourtant par d’épouvantables drames familiaux.

Toujours le dialogue

Jeune étudiant, j’ai découvert Henri Malberg en 1970, au local du PCF de la rue Linné. J’ai été alors émerveillé par son élégance et la force tranquille de son argumentation. Je n’ai cessé de le côtoyer depuis. Nous ne fûmes pas toujours d’accord, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour Henri Malberg, il était inconcevable de se dresser contre un corps dirigeant qui incarnait l’unité et la permanence d’une organisation sans laquelle, à ses yeux, l’engagement communiste était impossible.

Mais, dans des moments tendus et souvent difficiles, je n’ai jamais cessé de dialoguer avec lui, m’amusant avec lui de cette foi qui le conduisait à voir, au cœur même du déclin, les signes que les choses commençaient à aller mieux. J’ai eu ainsi plaisir, en 2005, de travailler avec lui, sous la houlette de Nicole Borvo-Cohen-Seat, à la rédaction nouvelle du projet constitutionnel du PCF pour une VIe République. Il était alors, dans l’organigramme du PCF, chargé des questions de la justice. Il a fait preuve dans cette responsabilité d’une capacité de travail et d’un esprit d’ouverture dont je lui sais toujours gré.

Henri Malberg a fait partie de cette génération "d’héritiers" qui, à l’instar de Georges Marchais, se sont engagés sans compter dans un PCF devenu le pivot de la gauche française. Il en a partagé les phases d’ouverture et de fermeture, d’expansion et de rétraction. Comme pour tant d’autres, le "Parti" était l’alpha et l’oméga de l’engagement. Il a choisi ainsi d’entremêler sa vie à la sienne. Quel qu’en soit le prix…

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