Donald Trump n'a jamais assez d'ennemis. Ce weekend, il s'en est trouvé d'autres, sur le front intérieur. Mais cette-fois, le président ethno-nationaliste américain n'avait peut être pas anticipé l'ampleur de la réaction. La réponse du football américain, la NFL, à Donald Trump a été spectaculaire. Pouvait-on en imaginer autrement de ces "fils de pute" ?
"L'Obs" revient sur le bras de fer qui oppose Donald Trump et les joueurs de football qui mettent le genoux à terre lors de l'hymne américain pour protester contre les meurtres de plusieurs Noirs abattus par des policiers blancs.
L'origine du genou à terre remonte à l'été 2016, lorsque l'ancien "quarterback" des San Francisco 49ers Colin Kaepernick l'avait effectué - et provoqué un scandale national - pour protester contre les meurtres de plusieurs Noirs abattus par des policiers blancs.
Le président Trump, élu sur un discours populiste et nationaliste, s'en était pris sans le nommer à ce joueur vendredi 22 septembre lors d'un meeting :
Boycott de l'hymne par des athlètes américains : "Virez-moi ces fils de pute", lance Trump
"Je connais nos joueurs qui se sont agenouillés pendant l'hymne national et ce sont des jeunes hommes intelligents avec du caractère" qui "voulaient lancer un dialogue", rétorque avant les matches du week-end le propriétaire des Miami Dolphins, Stephen Ross. De son côté, Brandin Cox, le receveur des New England patriots, vainqueurs du Super Bowl, déclare :
Donald Trump ne suffit pas de créer un bras de fer avec les joueurs de football américain. Il s'en était pris samedi au basket, en retirant l'invitation à la Maison Blanche à Stephen Curry, le meneur de l'équipe de NBA des Golden State Warriors vainqueur du dernier championnat, qui avait exprimé sa défiance à l'égard de la nouvelle administration.
Curry avait reçu le soutien de la star de la NBA, LeBron James, dans un tweet adressé au président américain qu'il traitait de "tocard".
Dimanche, dans les 14 matches de NFL, plus de 150 joueurs ont posé un genou à terre et nombre d'entre eux se tenaient par les bras durant l'hymne américain, traditionnellement interprété avant le début de la rencontre où joueurs et public se tiennent debout, la main droite sur le coeur. Une démonstration de force massive.
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Certains joueurs noirs ont également levé le poing, imitant le geste des deux athlètes afro-américain gantés durant les jeux Olympiques de 1968.
Forcément, Donald Trump n'a pas apprécié. Et il ne s'est pas privé de le tweeter :
Autre forme de protestation : lorsque l'hymne s'est fait entendre à Nashville, ni les Seattle Seahawks, ni les Tennessee Titans n'étaient présents sur le terrain. "Nous ne nous lèverons pas pour l'injustice qui a accablé les gens de cette couleur [de peau, NDLR] dans ce pays", ont affirmé les joueurs de Seattle dans un communiqué.
"Si les fans de NFL refusent d'aller aux matches jusqu'à ce que les joueurs arrêtent de manquer de respect à notre drapeau et notre pays, vous verrez rapidement un changement. Virez ou suspendez!", a continué de tweeter le président américain, arguant que "les propriétaires [des clubs de football, NDLR] doivent faire quelque-chose".
Avant de monter à bord d'Air force one, dimanche soir dans le New Jersey pour revenir à Washington, Donald Trump a réitéré que ces marques de protestation étaient "irrespectueuses".
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"Nous avons un grand pays. Nous avons un grand peuple qui représente notre pays, spécialement nos soldats et nos premiers intervenants. Ils doivent être traités avec respect", a-t-il dit à des journalistes. Et d'insister :
La polémique, elle, semble avoir créé un effet boule de neige. Le geste des joueurs de football américain s'est propagé samedi soir au baseball, avec le premier joueur de la ligue professionnelle, Bruce Maxwell des Oakland Athletics, à s'agenouiller durant l'hymne.
La star de l'athlétisme Allyson Felix a apporté son soutien au mouvement. "Reconnaissante à tous ceux qui s'expriment à ce moment-charnière. Trop c'est trop. Nous avons le pouvoir de créer le changement", a-t-elle écrit sur Twitter.