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Alternatives & Révolutions
2 février 2018

FRANCE INSOUMISE : LE REVEIL DE LA FORCE D'OPPOSITION (...et de propositions!) - Regards -

Regards

 

Par Pablo Pillaud-Vivien | 1er février 2018

France insoumise : le réveil de la force d’opposition

Première niche parlementaire pour le groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale : l’occasion pour les députés du groupe de Jean-Luc Mélenchon de maîtriser l’ordre du jour... mais surtout de rappeler le sérieux et la crédibilité de leur projet - n’en déplaise à la majorité La République en Marche.

Pour une partie du grand public, la France insoumise, c’était beaucoup de Jean-Luc Mélenchon, un peu de François Ruffin, de Danièle Obono et de Clémentine Autain et toute une kyrielle de coups de gueule à l’Assemblée nationale sur le drapeau européen, le port de la cravate ou le prix du paquet de pâtes. Et puis il y a eu ce classement du magazine Capital de décembre dernier qui a placé les députés LFI en tête du classement des plus bosseurs du Palais Bourbon.

Du coup, l’observateur pas très attentif a pu se dire « ah, tiens, mais en fait ils travaillent aussi sur le fond ». Et après le relatif échec de la mobilisation perdante contre la loi Travail cet automne, la France insoumise a encore beaucoup à (se) prouver. Car si l’objectif est de donner au mouvement une assise forte dans la population, il faut d’abord et avant tout qu’il réussisse à se montrer suffisamment solide sur ses bases. Bref, pour prétendre au pouvoir, il lui faut à présent gagner le terrain de la crédibilité. Et ça n’est pas les propositions qui manquent…

C’est pourquoi le groupe LFI avait décidé d’utiliser au maximum l’espace politique qui lui avait été imparti lors de la niche parlementaire qui lui était octroyée ce jeudi 1er février. Certes, comme lors de leur passage en commissions, leurs quatre propositions de loi et leur proposition de résolution ont été logiquement rejetées par une majorité qui n’avait rien à gagner, ni sur le fond, ni sur la forme, à laisser à la gauche ne serait-ce que des bribes de pouvoir législatif. Mais le son de cloche qui se dégage des insoumis de l’Assemblée nationale n’est plus tout à fait le même.

Assise et expertise : une opposition en quête de légitimité

A grands renforts de consultations d’experts, d’ONG et autres personnalités qualifiées, les parlementaires LFI se sont emparés de cinq sujets que leurs premiers mois à l’Assemblée leur ont permis d’identifier : la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle, la constitutionnalisation de l’inaliénabilité du droit à l’eau, la nécessité d’un référendum quant à la ratification du CETA, la mise en place d’un récépissé dans le cadre d’un contrôle d’identité et la légalisation du droit à une fin de vie digne.

Des combats précis, des propositions argumentées, concrètes mais surtout parfaitement crédibles voire… « votables » en l’espèce par une majorité de députés si la question de l’appartenance partidaire d’une idée n’avait pas d’effet sur l’avis qu’on s’en faisait. Car c’est cela qui marque le plus : la volonté d’avancer des propositions importantes, sans tomber dans la radicalité – avec un souci affiché et assumé du compromis parfois, qui auraient pu être considérées comme acceptables par la majorité.

Ainsi sur le récépissé, il ne s’agissait pas tant de l’imposer immédiatement et systématiquement mais de proposer une expérimentation. Ou sur le burn out : les députés LREM ont même failli déposer un amendement avant que ne les rattrape le caractère primaire de leur opposition et qu’ils ne rejettent tout en bloc. Mais au-delà du cénacle parlementaire, quels résultats ?

Des voix et des moyens : un travail sur le long terme

Si l’on s’en tient à Twitter, c’est plutôt pas mal : le hashtag #LoisFI a tenu un petit bout de la journée de jeudi dans le top 10 des tendances France. Du côté de l’opposition politique, si l’on excepte les suppôts les plus béats du pouvoir, ils sont aussi de plus en plus nombreux à reconnaître – à mi-mot – que le groupe LFI produit un boulot sérieux. Et même l’opinion publique semble suivre : l’étude Harris Interactive commandée par le groupe montre bien que, hormis la question du CETA – sans qu’on identifie réellement les raisons, sauf à ce que les sondés ne maitrisent pas la technicité du « dossier », les Français seraient largement favorables à l’ensemble des mesures proposées.

Plus fort encore : les propositions de la France insoumise ont même été soutenues par le groupe communiste. Si on ajoute à cela que Benoît Hamon a été auditionné sur la question du burn out, il y a de quoi se dire que, si on bosse à fond sur les sujets de fond, y’a moyen de s’entendre, non ?

On croyait pourtant être entré dans le nouveau monde où toutes les bonnes idées étaient les bienvenues. Qu’il y avait du bon à gauche et à droite. Toute la force du « ni droite, ni gauche » ou du « et de gauche, et de droite ». Finalement, si l’on en doutait encore, seuls les intérêts de quelques-uns guident l’action de cette majorité. La gauche devra encore attendre son heure. Et poursuivre son travail de conviction.

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