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Alternatives & Révolutions
27 juin 2012

Du mouvement dans le Front de Gauche « Comment

 

Du mouvement dans le Front de Gauche

« Comment combiner les combats politiques et les combats sociaux, dans la diversitè

inévitable et enrichissante de ceux-ci ? Comment s’appuyer en priorité sur la dynamique

de ces mouvements, sans en négliger les limites possibles ? » ParChristophe Aguiton

militant syndical et altermondialiste, Samy Johsua, militant NPA et figure historique de

la LCR et Roger Martelli, ancien dirigeant et historien du PCF.

 


 

 

Les résultats des élections présidentielle et législatives 2012 en France offrent à

ceux qui sont engagés depuis de longues années dans la critique radicale de l’ordre

capitaliste une double satisfaction, mais aussi de nombreux motifs d’inquiétude.

Satisfaction évidente d’en finir avec la droite, et en particulier avec le régime Sarkozy,

et satisfaction d’avoir vu émerger, avec le Front de gauche, un rassemblement de la

gauche de contestation sociale qui semble échapper tout à la fois à la logique du

sectarisme qui avait conduit, dans les cycles électoraux précédents, à la dispersion

et à l’impuissance; et à la logique de la satellisation par le Parti socialiste qu’aurait

entraîné une participation au gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Les motifs d’inquiétude tiennent à la politique que vont mener François Hollande et

son gouvernement, à la force du Front national et à la fragilité de ce rassemblement

tout neuf qu’est le Front de gauche dans un contexte où la crise de la zone euro se

conjugue avec une conjonction de crises affectant l’humanité toute entière: crise

alimentaire, crise climatique et environnementale, crise de légitimité démocratique… 

A la différence du Parti socialiste en 1981 et en 1997, François Hollande a très peu promis

et sa politique s’inscrira – s’inscrit déjà – dans le mainstream des politiques européennes

avec deux inflexions par rapport aux partis les plus à droites, une dose homéopathique de

relance pour tenter d’éviter la spirale dépressive qui touche déjà la Grèce et l’Espagne, et

une politique fiscale qui ne se contente pas de taxer les couches populaires et revient sur

les cadeaux faits aux classes les plus aisées. Mais ces politiques, en œuvre depuis le

déclenchement de la crise des subprimes, il y plus quatre ans, n’ont pas fonctionné et ne

fonctionneront pas car elles ne résolvent en rien l’écart croissant de compétitivité inhérent

à la construction d’une zone euro qui ne s’accompagne pas des mécanismes de

redistribution en œuvre dans tous les pays. Si les marchés financiers ont réagi positivement

à la courte victoire de la droite en Grèce, le répit sera de courte durée !

Les élections législatives grecques du 17 juin ont montré avec clarté les deux orientations

possibles : d’un côté la droite de Nouvelle démocratie, avec le Pasok en position subordonnée

mais fidèle, soutenue par la Troïka et les dirigeants des gouvernements européens,

à commencer par François Hollande, de l’autre Syriza, soutenu par le Front de gauche,

qui veut une autre Europe, solidaire et redistributrice.

Le Front de gauche s’est imposé à gauche du Parti socialiste parce ce qu’il est clair sur

cette question de fond pour l’avenir de l’Europe et parce qu’il a commencé à mettre en

pratique une politique d’alliance et de rassemblement qui n’avait pas pu aboutir en 2007.

La campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon a révélé le potentiel du Front de gauche

par l’intensité croissante de la mobilisation militante (la joie des grands rassemblements

politiques de plein air), l’ampleur de l’espace de sympathie suggéré par les sondages et

la capacité non négligeable à peser, non pas à la marge, mais au cœur des représentations

et de la dynamique politique.

Les élections législatives ont permis en revanche de pointer quelques-unes des fragilités du

Front de gauche. La structure exclusivement cartellisée du Front de gauche n’a pas permis

de mutualiser les expériences et les suggestions. La faible campagne nationale et son manque

de visibilité n’ont pas permis de continuer de porter, à la hauteur nécessaire, la voix d’une

gauche plus résolument démocratique et alternative. La faiblesse de la campagne nationale

a eu comme conséquence une visibilité qui, pour l’essentiel, s’est portée sur le cas

emblématique d’Hénin-Beaumont. Or si la courageuse campagne contre l’extrême droite

méritait un symbole fort, elle a tendu à devenir le cœur de l’intervention publique du Front

de gauche, au détriment de la globalité de son message politique.

L’indépendance à l’égard du PS est un acquis ; la confiance ne peut être accordée

et donc votée à une politique qui s’inscrira peu ou prou dans une matrice sociale-libérale

européenne. Il reste que deux dimensions seront à partir de là essentielles à l’ancrage

et à l’élargissement du Front de gauche. La première relève de la construction d’une

politique alternative qui ne se résume pas à la critique légitime du PS : l’affirmation de

la nécessaire rupture ne suffit pas à faire projet ; l’invocation d’un nouveau rapport du

social et du politique ne dit pas les formes sans lequel ce rapport reste un vœu pieux.

La seconde touche à la novation. Tout ce qui est neuf n’est pas révolutionnaire, mais

on sent bien, dans toute la société, travailler la double tentation de la sécurité

(et du « retour à ») et le besoin de neuf : c’est le second qu’il nous faut stimuler,

sous peine de voir la première envahir le champ. Le nouveau ne se limite aux questions

portées par les mouvements les plus récents – comment penser la « vraie démocratie »

qu’entendent porter les indignés ou occupy, par exemple – ou par l’irruption d’Internet,

des réseaux sociaux et d’une « culture libre » qui a fait descendre des dizaines de milliers

de jeunes contre l’Acta en Allemagne, en Pologne et dans toute l’Europe de l’est. Le

nouveau émerge dans toutes les couches sociales et oblige à revisiter toute une série de

questions anciennes : place du salariat quand la précarité se généralise et du travail quand

ses rythmes et ses formes sont en permanent bouleversement ; remise en cause du

« progrès » quand des mouvements chaque jours plus massifs s’opposent à des grands

travaux comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou le train à grande vitesse dans les

Alpes italiennes ou au Pays basque ; relations producteurs-consommateurs, portées en

particulier par de jeunes paysans, et pratiques alternatives ; paroles politiques des militants

issus des quartiers populaires ; question urbaines et « droit à la ville », etc.

Tout ceci ouvre de plus sur une question plus globale, tenant à la manière même de concevoir

une stratégie émancipatrice. Comment combiner les combats politiques et les combats sociaux,

dans la diversité inévitable et enrichissante de ceux-ci ? Comment s’appuyer en priorité sur la

dynamique de ces mouvements, sans en négliger les limites possibles ? Comment traduire

l’espoir dans une société massivement auto-organisée et gérant démocratiquement tout ce qui la

concerne à partir des luttes et des organisations qui existent aujourd’hui ?

Les fragilités peuvent être surmontées, mais cela ne pourra se faire que si la dynamique de la

campagne présidentielle trouve – au moins partiellement – une expression pérenne dans un

Front de gauche élargi. Cet élargissement numérique, social et politique ne sera possible que si

les « adhérents directs », celles et ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des partis et courants

membre du Front du Gauche, peuvent y trouver toute leur place et participer à l’élaboration des politiques

et aux décisions qui les concernent. Mais nous savons aussi que, dans le court et le moyen terme,

les deux principales composantes du Front de gauche, le PCF et le PG, ne se dissoudront pas.

Il faut donc que tous ceux qui sont sensibles aux préoccupations que nous avons résumées ici

se regroupent et apportent au Front de Gauche cet élargissement politique. Des forces existent

pour cela, dans les courants politiques qui ont déjà rejoint le FdG ou qui ont fait la campagne

de Jean-Luc Mélenchon, chez ceux qui refusent le sectarisme au NPA comme l’alignement sur

la politique du Parti socialiste chez EELV et surtout chez les très nombreux militants associatifs et

syndicaux qui ont soutenu la campagne du FdG.

Ce regroupement de force renforcera le FdG en l’ouvrant à des problématiques qui ne sont

pas – ou trop peu –portées aujourd’hui. Il peut et doit être également un point d’appui pour

l’ouverture du FdG à toutes celles et ceux qui aimeraient le rejoindre et y militer.

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L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes - Karl Marx-gauchedegauche.canalblog.com .

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