L'avenir c'est ce qui dépasse La main tendue et
L'avenir c'est ce qui dépasse
La main tendue et c'est l'espace
Au-delà du chemin battu
Louis Aragon
(dans le Fou d'Elsa)
Je ne vous apprendrai rien...
Comme il est difficile de lutter pour une autre société,
un autre monde. Sans doute parce que nous sommes
en pleine période de mutations multiples. Sans doute
aussi parce que nous avons quitté un monde bipolaire,
bien que certaines forces veuillent nous y ramener, pour
entrer depuis quelques décennies dans un monde différent,
complexe, multipolaire, mondialisé, financiarisé, numérisé...où
si certains murs se sont heureusement effondrés, d'autres
ont été érigés.
Pour tenter d'y voir un peu clair et en tous cas pour
ne pas perdre pied, il me semble qu'il importe
de distinguer des domaines qui, mélangés donnent
le tournis aux plus militants.
- le domaine de la culture, de la création artistique sous
toutes ses formes. Ce qui nourrit nos vies, les élève, leur
donne leur sens profond. L'indispensable. Toujours
apprendre, confronter, partager, éduquer, se transformer.
Et s'épanouir, être bien, être heureux, se créer soi-même.
Refuser la facilité et la médiocrité. D'où que l'on parte,
où que l'on soit, qui que l'on soit.
- le domaine historique, où s'affrontent et c'est
plutôt sain pour la recherche et la pensée, des approches
et des thèses différentes, voire antagonistes, sur des périodes,
des évènements, des personnages, des idéologies...
Cela nous nourrit, soit par ce qu' on a vécu, soit par ce dont
on a hérité intellectuellement, soit parce que pour construire,
reconstruire ou refonder, il faut en faire une assimilation critique.
Il faut quelquefois accepter de "faire son deuil" mais c'est toujours
la vérité qu'il est vital d'approcher. Rien ne peut se construire sur
l'amnésie ou le mensonge.
- le domaine politique concret où la construction d'une force motrice
anticapitaliste, donc vraiment à gauche, en prise sur le réel et à l'écoute
du peuple et de sa jeunesse, est plus que jamais à l'ordre du jour.
(Je sais que c'est facile à dire et que ça rassure aussi.)
Une pratique politique novatrice doit en être le coeur, qui rompe
avec les façons de faire du sciècle passé, car on ne peut pas faire
autrement si l'on veut rassembler et agir. Le" bonapartisme" politique
ou les appareils qui se veulent avant-gardes, c'est fini. Je crois.
Mais aussi, la recomposition politique est à l'oeuvre de tous côtés
et de tous bords, sur tout "l'échiquier politique",
dans notre pays, même si cela ne se voit pas encore.
J'en suis convaincu. Raison de plus pour inventer, innover,
construire, élargir. Rien n'est possible si les Citoyen-ne-s "engagé-e-s",
(intellectuel-le-s,syndicalistes,militant-e-s d'associations...), mais
aussi "simples" Citoyen-ne-s, car en démocratie chacun-e compte
pour un-e, n'y prennent leur place et si les militant-e-s des partis et
groupes existants sont incapables de se dépasser eux-mêmes, au-delà
des mots...Pas de changement de société sans changement radical de la
pratique politique.
- le domaine de la vie sociale, de ses modes de vie, des nouveaux
accès à l'information, du rapport aux savoirs et à la culture,
de la place du désir, du spirituel et du religieux, de la conception
de la vie personnelle et collective, et de l'avenir...
C'est assez surprenant de faire le constat de la rupture entre
politique et société de nos jours en France et ailleurs.
Seuls les partis au discours simplistes, mécanistes, racistes,
fascistes se font entendre, s'il n'existe plus de grande
force de transformation de la société.
Je ne suis ni chercheur, ni sociologue, ni historien, ni
porte-parole de quoi que ce soit. Je suis comme des
millions de femmes et d'hommes, qui pour une partie
importante ont voté pour Mélenchon en 2012, savent
plus ou moins clairement, qu'il faut avancer et donc
innover pour rassembler, pour que l'avenir ne s'assombrisse
pas.
JcS