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Alternatives & Révolutions
31 juillet 2015

L’Union européenne, une prison des peuples LUNDI,

L’Union européenne,
une prison des peuples

 

 

 

LUNDI, 27 JUILLET, 2015
L'HUMANITÉ
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PIerre Pytkowicz
la grande leçon grecque par Christian Laval professeur de sociologie et membre du conseil scientifique d’Attac.

Tout a été dit de l’absurdité des politiques d’austérité menées conjointement par la droite et par la social-démocratie européennes. À coup sûr, les historiens futurs relèveront la série d’erreurs commises par la troïka, et ils rappelleront l’invraisemblable aveuglement des dirigeants européens à l’égard des conséquences concrètes de leur propre politique. Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Thomas Piketty et beaucoup d’autres ont parfaitement souligné la bêtise profonde des dirigeants européens, ils ont répété à qui voulait les entendre que la voie suivie par l’Union européenne était désastreuse et ne pouvait qu’aggraver le poids de la dette. Personne ne pourra dire : « Nous ne savions pas. »

Pourtant, il semble bien qu’aucune autorité scientifique ne soit en mesure de corriger la trajectoire catastrophique qui conduit à la décomposition des solidarités intra-européennes et au sacrifice de certains pays. Yanis Varoufakis a dit l’impossibilité qui fut la sienne de discuter un tant soit peu macroéconomie avec les ministres de l’Eurogroupe durant cinq mois. C’est le refus de tout raisonnement économique qui est au principe de la conduite des dirigeants, beaucoup plus qu’une simple erreur. Mais d’où vient alors ce refus de la réalité, qui fait dire à Paul Krugman qu’elle confine à la folie ? Deux réponses peuvent être avancées. La première relève de la guerre faite à un gouvernement regardé comme trop menaçant par les partisans fanatisés de l’austérité ; la seconde tient à l’enfermement dans un système de règles de tous les gouvernements, qu’ils soient ou non favorables à l’austérité.

Beaucoup ont parlé de « coup d’État », de « coup de force », de « colonialisme ». On a en effet bien vu la volonté conjointe de la droite et de la « gauche » sociale-démocrate de détruire Syriza, accusé d’avoir voulu mener une politique alternative en Europe. La négociation-traquenard des 11 et 12 juillet en a apporté la démonstration. Personne ne peut plus ignorer à quoi s’en tenir lorsqu’on appartient à la zone euro : l’obligation de s’aligner sur la politique néolibérale ou bien la destruction pure et simple de l’économie, et la régression terrible des conditions de vie. La dette comme levier, la monnaie comme marteau : on sait maintenant comment le terrorisme de l’Europe « unie » peut détruire l’un de ses membres. Mais cette thèse de la guerre ne doit pas masquer un autre fait : l’Union européenne est devenue une prison des peuples et la zone euro, un quartier de haute sécurité. Tout se passe en effet comme si les Européens s’étaient enfermés eux-mêmes dans une maison de force, entièrement cadenassée, c’est-à-dire dans un système verrouillé, fait de traités, de règles et d’évidences, dont ils ne peuvent sortir. Varoufakis a employé l’expression la plus juste quand il a parlé d’eurozone disciplinaire.

Cette prison, c’est la rationalité ordolibérale elle-même, telle qu’elle est cristallisée dans des institutions monétaires, incorporée dans un corps de lois, inscrite dans des traités budgétaires. On sait maintenant que ces réalisations, depuis plus de cinquante ans, ont pour principe une concurrence généralisée qui donne le droit de pratiquer tous les coups bas fiscaux et sociaux entre pays membres. La réalité brutalement révélée par la crise grecque est que l’Union européenne prétend se construire sur la règle absolue de la concurrence, sur un système contradictoire et autodestructeur qui instaure entre ses membres toujours plus d’inégalité économique et sociale entre pays et à l’intérieur de chacun des pays. Comment s’étonner que les plus forts, ou ceux qui veulent imiter avec zèle leurs recettes, veuillent se débarrasser des pays qui ont moins d’avantages et envers lesquels ils se refusent à manifester une solidarité coûteuse ?

On sait désormais qu’il n’y a rien à attendre d’une « démocratisation » des institutions européennes. Le système institutionnel européen est vicié, il est en train de pourrir. Il faut le déconstruire pour reconstruire autre chose. C’est la grande leçon grecque qu’il nous faut retenir pour les années et les décennies à venir.

 

 

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